En direct
A suivre

BD «Les profs» : «En 20 ans, on n'a jamais lâché le côté artisanal» selon le scénariste Erroc

La série de BD «Les Profs» fête ses 20 ans. La série de BD «Les Profs» fête ses 20 ans. [© Bamboo éditions]

20 ans et toutes ses dents. La bande dessinée «Les Profs», qui a connu avec succès une déclinaison sur grand écran, fête son bel âge. Rencontre avec le scénariste historique de la série BD, Erroc.

En vingt ans d'existence, «Les Profs» n'ont jamais connu de traversée du désert et enchaînent les succès. Quand les 22 albums de la série originelle - il existe désormais des «spin-off» comme la série «Boulard», elle aussi un succès - ont été  vendus à plus de 5 millions d'exemplaires, les deux adaptations cinématographiques ont réunis près de 7,5 millions de spectateurs. Si la série était signée au départ par Erroc et Pica, désormais, c'est une BD réalisée en bande, puisque Sti a rejoint Erroc au scénario et Léturgie remplace Pica au dessin. Le 10 juin, un album anniversaire va paraitre, contenant notamment la toute première planche de la série publiée dans Le Journal de Mickey, 22 planches commentées ou encore une histoire inédite dessinée par vingt dessinateurs. En attendant, les auteurs ont réalisé en exclusivité pour CNEWS un dessin original dans l'air du temps à voir ICI.

A l'origine, on imagine une envie de vous rappeler et vous moquer de vos années lycée...

Erroc : Non, c'était un projet comme un autre. Je savais juste que j'avais envie de développer ces personnages sur plusieurs volumes. Avec Pica, on a eu l’idée en 1997 ou 1998. Mais il a été difficile de l'imposer car les éditeurs ne savaient pas trop à qui s'adressait cette BD. Et puis, on a trouvé un hébergement dans Le Journal de Mickey. Bamboo s’est alors intéressé à nous. A l’époque, c’était un tout petit éditeur qui n'avait presque rien dans son catalogue, alors on a hesité un peu, on voulait rencontrer des éditeurs plus « sérieux ». Et puis il a été tellement convaincant... Et on n’a pas fait d’erreur car Bamboo a tout fait pour que notre premier album, sorti en 2000, fonctionne, ce qui fut le cas (le premier album s'est écoulé à 600 000 exemplaires, ndlr). Puis on a reçu un prix jeunesse à Angoulême (rendu par des enfants de 9-13 ans), ce qui je pense a permis de continuer sur notre lancée.

A l’époque, on ne savait pas bien qui lisait nos albums, si c'était plutôt les enfants, les ados ou les adultes : je m’occupais donc du scénario en fonction de mes envies, sans penser au public auquel je m’adressais puisque je ne le connaissais pas vraiment ! Et puis, le Journal de Mickey ne prenait pas les gags trop adultes et on les retrouvait dans les albums.

C’est vrai que les héros sont quand même plus vieux que le lectorat du Journal de Mickey…

Oui, Mickey est destiné aux 8-13 ans. Mais les intérêts sont tellement différents entre 8 et 13 ans, cela ne veut rien dire ! On s’est dit que ça allait beaucoup plaire aux ados parce que ça se passe dans un lycée et bizarrement, notre public est beaucoup plus jeune. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai arrêté de chercher.

Cette collaboration a reboosté l’ensemble de la série.

Maintenant, c’est une grosse machine : deux dessinateurs et deux scénaristes signent la série.

Ça fait PME ! En réalité, l’idée n’est pas de créer un studio « Les profs » comme cela arrive parfois en BD. Cela s’est passé simplement : on était deux sur la série jusqu’au tome 17. Pica a eu un gros pépin de santé (le dessinateur a fait un AVC, ndlr). Il a continué un peu sur 3-4 albums mais avait plus de mal à suivre ce rythme. Il a donc demandé à Simon Léturgie de l’aider puis ensuite de le remplacer. J’ai donc fait trois albums avec Simon, tout seul. Je sentais néanmoins que j’arrivais au bout de quelque chose. Donc soit j’arrêtais tout, soit je co-scénarisais avec quelqu’un dont l’humour me plaisait, comme celui de Sti. On est donc à trois sur le bébé mais sans volonté de créer un studio. On a jamais lâché ce côté très artisanal. Mais il est très agréable de travailler avec quelqu’un, cette collaboration a reboosté l’ensemble.

capture_decran_2020-06-02_a_16.47.17_5ed666d92994b.png

© Bamboo éditions

Avez-vous participé à l'élaboration des films ou au moins donné des conseils ?

On a donné notre avis sur le scénario. C’était un avis consultatif : quand on cède les droits d’adaptation, les auteurs n’ont plus grand-chose à dire mais là, on a été plutôt bien traité. On a été invité sur le tournage par exemple. C'était sympathique.

Même sans les films, cette BD ne fait pas de vague et conserve pourtant d'albums en albums une popularité immense…

C'est vrai que quand le premier film est sorti, on a parlé plus de notre BD en une semaine que pendant dix ans ! Dans les salons, les festivals, les séances de dédicaces, on se rend compte que notre lectorat est aussi composé de trentenaires qui nous lisaient dans Le journal de Mickey et qui sont restés très fidèles. Parfois, certaines personnes qui ne lisent plus de BD continuent à acheter nos albums. Ces BD ont un peu le goût de leur enfance.

Les profs auront-ils toujours 20 ans dans vingt ans ?

C’est impossible à prévoir. Je n’ai aucun avis sur l’avenir de cette série. On verra bien... En attendant, on fête quand même nos 20 ans !

Boulard aura-t-il un jour son bac ?

On avait pensé pendant un moment le faire revenir comme pion mais en fait j’aime bien l'idée qu’il reste intemporel, qu’il ne vieillisse jamais. Il y a plein de BD connues et des classiques où il y a pbeaucoup d’incohérences. En 2020, Boulard devrait avoir environ 35 ans !

Vous avez des retours de vrais profs ?

La plupart des profs ne nous trouvent pas malveillants malgré nos personnages très « bras cassés ». Le message qui passe reste finalement que ce métier est très difficile. Je crois qu’on ne donne finalement pas une mauvaise image de leur corporation !

Curieusement, je n'ai jamais autant travaillé que pendant la crise

Les gens se sont d'ailleurs rendus compte pendant ce confinement de la difficulté de ce métier. Et vous, qu'avez vous fait ?

Déjà je n'ai pas fait la classe à mes enfants qui sont trop grands. Cette crise m’a beaucoup stressé et curieusement, je n’ai rarement autant travaillé. C’est difficile d’avoir du recul encore sur ce qu’on a fait mais je ne crois pas que mes gags étaient plus «ratés» que d’habitude.

J’ai eu vraiment du mal à me concentrer devant un film ou lire un livre mais le travail, ça a roulé. J’ai l’impression que lorsque je me mets à ma table de travail, j'oublie un peu tout le reste.

L’humour est-il compliqué à garder pendant une période de crise comme celle que nous vivons ?

Les petits gags qu’on a créé pendant cette période ne contiennent finalement aucun réel message. On a juste pris cette crise par le petit bout de la lorgnette en imaginant ce qu'auraient fait nos héros pendant le confinement. On ne voulait pas parler de l’actualité, imposer nos idées. C'est d’ailleurs quelque chose qu'on n'a jamais fait.

Aimeriez-vous faire de ces gags de confinement un album ?

On ne sait pas encore. Mais peut-être que l’actu doit rester dans l’actu ! Autre solution : on pourrait insérer ces petits gags en bonus dans l’album 23 qui devrait paraître en fin d’année.

Les Profs, l'album des 20 ans, Bamboo éditions, 88p., 10,95€, en librairie le 10 juin. Précommande chez les libraires possible.

Retrouvez toute l'actualité BD ICI. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités