Devant 60.000 personnes le pape François a célébré dimanche une messe place Saint-Pierre. Il tenait dans ses mains un reliquaire contenant des ossements considérés comme ceux de Saint-Pierre. Des reliques qui étaient, il y a encore peu, l'objet d'une querelle de spécialistes.
Qu'il s'agisse du Saint-Suaire de Turin ou des morceaux de la "Sainte-Croix", une relique fait souvent l'objet de querelles sur son authenticité. Les ossements de Saint-Pierre, le premier évêque de Rome, n'y échappent pas. Si ce n'est que dimanche, le pape François a serré dans ses mains le précieux reliquaire qui les contient, comme pour clore le débat. Et ce d'autant plus que c'est la première fois que les ossements étaient présentés aux fidèles.
Des fouilles dans les années 40
La découverte de ces ossements remonte à 1940. Des fouilles archéologiques ordonnées à cette époque par le pape Pie XII confirme ce que la tradition affirmait. La première nécropole chrétienne de Rome se trouve sous la basilique Saint-Pierre de Rome.
Tout semble indiquer que la tombe de Saint-Pierre est là. Et dans un message aux fidèles du monde entier le jour de Noël 1950, Pie XII annonce : "La tombe du Prince des Apôtres a été retrouvée." L'archéologue qui a dirigé les fouilles, le jésuite Antonio Ferrua, publie alors le dessin d'un graffiti de la nécropole sur lequel est inscrit en grec : "Pierre est ici". Mais sur l'existence de possibles reliques, le pape se fait là beaucoup plus discret.
Des ossements négligés par les chercheurs
Deux ans plus tard, Pix XII confie à Margherita Guarducci, une archéologue italienne, le soin d'étudier plusieurs séries d'ossements relevés lors de ces fouilles. Elle se penche sur ceux de quatre personnes enterrées avec des animaux qui se trouvaient dans une niche au nord de la nécropole.
Ils ont été négligé par les chercheurs, d'une part à cause de la présence d'animaux et d'autre part parce que des pièces postérieures à la crucifixion tête en bas de Pierre dans les années 64-70 y avaient été retrouvés.
Un homme de constitution robuste
Si ce n'est que Margherita Guarducci parvient à identifier parmi ces ossements ceux d'un "homme de constitution robuste" ayant vécu "au premier siècle de notre ère" et décédé "entre 60 et 70 ans". Tout semble concorder avec Saint-Pierre. D'autant plus que sur ces ossements se trouve également les restes d'un précieux tissu pourpre brodé d'or, preuve de l'importance de la dépouille.
Elle explique les singularités archéologiques de sa découverte par le fait que les restes de Saint Pierre ont probablement été déplacés vers 316. Elle ne s'étonne donc pas de la présence d'ossements d'animaux. 300 ans avant l'édification de la première nécropole chrétienne, les lieux étaient en fait une zone rurale. Quant à la présence des pièces, elle serait du fait des fidèles qui auraient jeté les siècles suivant des pièces par les interstices de la tombe.
Paul VI y croit
Autant de conviction qu'Antonio Ferrua ne partage pas avec sa consœur. Pourtant, le 26 juin 1968, lors d'une audience générale, Paul VI reconnait qu'il s'agit bel et bien des os de Saint-Pierre, même s'il reste très prudent : "les reliques de Saint Pierre ont été identifiées d'une manière que l'on peut considérer comme convaincante. […] Les recherches, les vérifications, les discussions ne sont pas terminées pour autant. Mais, en ce qui nous concerne, au stade actuel des conclusions archéologiques et scientifiques, ce Nous est un devoir de vous annoncer cette heureuse nouvelle". La cause est entendue.
Depuis, les ossements de Saint-Pierre avaient rejoint la chapelle privée des appartements pontificaux, à l'abri des regards et des polémiques. Ni Jean-Paul II, ni Benoit XVI n'ont fait de cas de ces reliques. Jusqu'à ce que le pape François, jamais avare de surprises, ne sorte le reliquaire pour clore "l'année de la Foi".
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