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Le Chilien Sebastian Silva à Sundance

Le réalisateur chilien Sébastian Silva (bonnet rouge) et ses acteurs au Festival de Sundance le 18 janvier 2013 [Larry Busacca / Getty Images/AFP] Le réalisateur chilien Sébastian Silva (bonnet rouge) et ses acteurs au Festival de Sundance le 18 janvier 2013 [Larry Busacca / Getty Images/AFP]

Habitué du Festival de Sundance, où quatre de ses films ont été sélectionnés depuis 2009, le Chilien Sebastian Silva, présent cette année avec "Crystal Fairy" et "Magic Magic", défend "un cinéma vraiment indépendant", et préfère "se tromper" plutôt que s'ennuyer.

A 33 ans, le cinéaste est l'un des enfants gâtés du plus grand festival américain de cinéma indépendant, qui se tient jusqu'à dimanche à Park City, dans les montagnes de l'Utah (ouest).

Son film "La Nana" avait remporté en 2009 le Grand Prix à Sundance et son actrice Catalina Saavedra était repartie avec un trophée d'interprétation. En 2011, il était de retour avec "Les vieux chats", et cette année il réalise le tour de force d'être sélectionnés avec deux films.

"C'est presque une histoire de famille, maintenant. Je crois qu'ils m'aiment bien et qu'ils apprécient mon cinéma", déclare en souriant Sebastian Silva.

Les gestations de "Crystal Fairy" et "Magic Magic" sont intimement liées car c'est en raison du retard de production du deuxième que le cinéaste a quasiment "improvisé" le premier, pour occuper les acteurs.

Road-trip de trois frères (les frères du cinéaste), leur ami "gringo" (Michael Cera) et une jeune baba-cool américaine (Gaby Hoffman) partis à la recherche d'un cactus aux propriétés hallucinogènes, "Crystal Fairy" est "un film très inattendu pour moi, dans ma carrière", explique Sebastian Silva.

Faute de temps, il n'a pas écrit de scénario en bonne et due forme, ni de dialogues, donnant seulement aux acteurs un plan détaillé des scènes. Une méthode de travail dont il n'est pas coutumier mais qu'il a appréciée.

"Je suis assez séduit par cette façon de faire des films, où rien n'a trop d'importance, où le cinéma est vraiment indépendant. Ici (aux Etats-Unis), c'est comme si le cinéma indépendant était juste un pas, une transition vers Hollywood, une étape et non un espace (de création) concret et assumé", dit-il.

Après le succès international de "La Nana", Hollywood lui a envoyé quelques scénarios, mais rien qui puisse l'intéresser.

"Les films prennent tant d'années de ta vie -- deux ans, parfois plus -- que quitte à être impliqué dans des thématique aussi longtemps, je préfère que ce soit en relation avec mon propre développement, avec les choses que je veux apprendre ou avec lesquelles que je veux être en contact", expique-t-il.

"Je ne veux pas passer deux ans à penser à +Spiderman+. C'est comme si je me mettais à manger des donuts (beignets américains) à tous les repas", affirme le cinéaste, qui vit aujourd'hui à New York.

Il ne ferme cependant aucune porte. "Cela m'intéresserait aussi de faire un gros film, de passer par l'épreuve des producteurs et des distributeurs, devoir parler avec des gens que tu as envie d'étrangler. Je crois que je suis prêt à cela pour un projet qui me passionne", affirme-t-il.

"Un jour, on m'a demandé quel était mon style de cinéma. Je crois que je n'en ai pas. Je pense qu'il y a une personnalité qui se reflète dans les films, mais si l'on parle d'une ethétique plus calculée, je ne m'imagine pas faire des films qui ressemblent tous à +La Nana+ ou +Crystal Fairy+", ajoute-t-il.

Le cinéaste, qui a cinq longs métrages à son actif, n'a pas peur de faire des erreurs: "Je pense que c'est une bonne chose de se tromper, parfois".

Ainsi, dans "Magic Magic", où il explore entre autres le thème de l'euthanasie, il ignore encore s'il a réussi à faire passer toutes les idées qu'il voulait. "Je veux que les gens soient perturbés", dit-il. "C'est un film qui a requis de l'effort. Comme une scuplture qui a exigé beaucoup de travail".

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