La maison Balenciaga assure qu'elle ne changera pas sa stratégie tant côté création que développement, après le départ surprise de son créateur emblématique Nicolas Ghesquière, qui sera remplacé rapidement, assure la PDG de la griffe de luxe Isabelle Guichot dans un entretien mardi à l'AFP.
"Nous allons continuer la stratégie mise en place depuis presque six ans qui est de faire de la griffe un acteur majeur du monde de la mode et du luxe", dit-elle.
Surtout que cette stratégie est "couronnée de succès car notre chiffre d'affaire est en croissance à deux chiffres sur les neuf premiers mois de l'année et a été multiplié par 11 depuis la reprise de Balenciaga par PPR en 2001", a-t-elle souligné.
Le pôle luxe du groupe PPR contrôle outre Balenciaga des griffes comme Gucci, Yves Saint Laurent, Alexander McQueen, Stella McCartney, Sergio Rossi ou Boucheron.
"Il ne s'agit pas d'aller vers du commercial comme on peut l'entendre car ce qui fait la force et l'ADN de Balenciaga, c'est cette tension entre un côté laboratoire et sa traduction en collections" qui soient désirées par "une clientèle qui a envie d'une mode différente", selon Mme Guichot.
Alors que plusieurs noms circulent déjà pour remplacer Nicolas Ghesquière, dont la collaboration prend fin le 30 novembre, la PDG assure que la transition ne traînera pas en longueur. Contrairement à la maison Dior qui a mis plus d'un an pour trouver un successeur à John Galliano.
"Nous avons une +short list+ (de créateurs) et les négocations sont bien avancées", a-t-elle dit.
Mme Guichot réfute toute friction avec M. Ghesquière sur la stratégie de la maison ou l'importance des moyens qui lui auraient été attribués par rapport à d'autres griffes du groupe, notamment Saint Laurent avec l'arrivée fracassante de Hedi Slimane.
"Stimuli"
"Penser à un moment qu'il y ait pu y avoir un arbitrage, c'est mal connaître le groupe qui a construit son portefeuille de marques sans qu'il y ait superposition, ni de brouillage possible entre les images des griffes", souligne-t-elle, en rappelant "la grande liberté de création" dont a bénéficié Ghesquière.
"Ce sont des discussions qu'on a depuis très longtemps avec Nicolas, François-Henri Pinault (pdg de PPR, ndlr) et bien avant l'arrivée d'Hedi Slimane", chez Saint Laurent, a-t-elle insisté.
"L'orientation que le groupe veut donner à cette marque c'est de perpétuer la créativité, la modernité de la vision de Cristobal Balenciaga, de continuer à développer la marque à travers un réseau de distribution mondial".
"Nicolas avait peut-être plus envie d'une autre expression créative dans un autre cadre", a-t-elle ajouté. "Pour une personne aussi créative et talentueuse, c'est aussi un moteur de son inspiration que d'avoir de nouveaux stimuli".
Interrogée sur l'impact de ce départ, Mme Guichot répond que le groupe "a l'expérience des changements de créateurs avec les départs de Tom Ford et Stefano Pilati ou la mort de Lee Alexander McQueen" en 2010.
Tom Ford et Stefano Pilati ont été les directeurs artistiques de Saint Laurent avant Slimane.
"On sait ce que cela apporte aussi aux équipes de regarder leur marque différemment, de travailler différemment surtout quand depuis 15 ans une marque est modelée par un créateur aussi présent que Nicolas", ajoute-t-elle.
Et Balenciaga dispose d'un "patrimoine d'archives fort" laissé par le fondateur de la maison. "Cela fait toujours une différence énorme dans la transmission de l'ADN d'une marque à un nouveau directeur artistique".
Selon l'International Herald Tribune, Nicolas Ghesquière serait en discussions avec le numéro un mondial du luxe LVMH pour créer sa propre griffe ou reprendre une autre marque.