Candidat au patrimoine mondial de l'Unesco, le site préhistorique de la grotte Chauvet découvert en 1994 en Ardèche, sera d'ici fin 2014 accompagné d'un exceptionnel espace de restitution pour permettre au grand public d'en découvrir toutes les richesses.
En participant vendredi à la pose de la première "main" de l'espace de restitution de la grotte, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a rappelé que "la grotte Chauvet fait partie des dossiers français les plus aboutis pour l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco".
"Je ne doute pas que les chances d'un succès prochain soient fortes", a-t-elle ajouté, alors que la candidature doit être présentée en janvier 2013 pour une décision rendue au cours de l'été 2014.
Située dans les gorges de l'Ardèche, la grotte Chauvet -la plus ancienne datée à ce jour- a été découverte en décembre 1994 par trois spéléologues ardéchois, Jean-Marie Chauvet, Eliette Brunel et Christian Hillaire, et abrite des peintures rupestres datant de 25.000 à 37.000 ans.
Le monumental espace de restitution, qui ouvrira ses portes fin 2014, sera quant à lui érigé sur le site dit du "Razal" sur les hauteurs de Vallon-Pont-d'Arc, à 5km de la vraie grotte et à 500 mètres seulement à vol d'oiseau.
Chauvet constitue l'un des exemples les plus remarquables et les plus fascinants d'art pariétal avec plus de 1.000 dessins. Parmi eux figurent 425 représentations animales de 14 espèces notamment d'ours, de rhinocéros laineux, mammouth, félins, hibou gravé, et aussi de nombreux lions, ce qui est "exceptionnel" selon les préhistoriens.
"restituer la mise en scène"En dessinant de façon très fine sur les parois calcaires de l'immense grotte (11.000m2), les Hommes de Cro-Magnon "ont inventé une technique, ils ont fait de l'estampe, en mélangeant de la poudre de charbon de bois avec le blanc de la paroi, c'est resté frais depuis 32.000 ans et c'est un monument de beauté", explique Jean-Michel Geneste, directeur de l'équipe de recherche de la grotte Chauvet.
Un des gros enjeux de la restitution va être de "restituer la mise en scène" découverte dans la grotte, précise M. Geneste.
Étendu sur 29 hectares, l'espace de restitution comprendra cinq bâtiments parmi lesquels la reconstitution de la grotte sur plus de 3.500m2, a souligné vendredi Pascal Terrasse, président du "Grand Projet La Grotte Chauvet Pont-D'Arc" et président du conseil général de l'Ardèche.
La société Kleber Rossillon a été retenue pour assurer l'exploitation de la future réplique. Créée en 1995 et spécialisée dans les projets culturels, patrimoniaux et touristiques, la société gère déjà notamment le château-musée de Castelnaud en Dordogne, le train du Vivarais en Ardèche, le musée de Montmartre, ou encore les jardins suspendus de Marqueyssac, en Dordogne.
Les 5 pôles du site seront disséminés dans des espaces naturels et agencés, vus du ciel, dans la forme d'une patte d'ours, espèce emblématique de la grotte Chauvet.
Les 5 bâtiments comprendront la réplique de la grotte, un centre de découverte consacré avec une exposition permanente, un espace pédagogique, un pôle événementiel, un espace restauration-boutiques-services, des locaux de gestion.
A l'aide d'un scanner haute précision, un modèle numérique en 3D de la cavité a été réalisé, l'enjeu étant de parvenir à restituer la véritable cavité et ses 8.500m2 dans un espace limité à 3.000m2.
La réplique sera aussi une manne pour la région, puisque 300.000 à 400.000 visiteurs sont espérés chaque année dans un secteur déjà très touristique, avec la descente des Gorges de l'Ardèche en canoë, toute proche, qui attire des dizaines de milliers de vacanciers chaque été.