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Prix des carburants : comment les distributeurs profiteraient de la crise de l'énergie selon cette association

D'après la CLCV, les distributeurs français de carburants ne répercutent pas le recul des cours du pétrole sur les prix à la pompe. La France fait selon elle exception en Europe.

Les prix à la pompe «doivent diminuer de 10 centimes» par litre, exige l'association de consommateurs Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV). Selon elle, les distributeurs de carburants ont engrangé des «marges brutes explosives» sur l'essence et le pétrole ces quatre derniers mois, dans le but de «rattraper les pertes» subies l'an dernier.

Dans un communiqué publié ce mercredi 10 mai, l'association interpelle «la grande distribution et les groupes pétroliers» qui «ne cessent de dire qu'ils s'engagent pour le pouvoir d'achat». «Il est temps que cela se traduise en acte, poursuit-elle. La CLCV n’hésitera pas à saisir les autorités compétentes si les marges brutes ne reviennent pas à la normale d’ici au début de l’été».

Une marge brute «record»

Pour prouver ses dires, l'association s'appuie sur les «moyennes annuelles» pour 2018-2021 de la fédération des industries pétrolières. Elle explique que «la marge brute "transport distribution"», qui correspond à la différence entre le prix hors taxes du carburant et le prix à la sortie de la raffinerie, se «situe en général aux alentours de 15 centimes le litre».

Cette indicateur «a chuté à des niveaux très faibles» en 2022, «car les distributeurs ont choisi de ne pas répercuter l'intégralité de la forte hausse des cours du brut suite à la crise ukrainienne», écrit la CLCV. Cette marge brute «a même été négative sur certains mois» l'an dernier, mais, «depuis le début de l'année 2023», elle se situe «à un record historique, dépassant les 25 centimes au litre».

La CLCV signale que la France fait exception en Europe, où «les prix hors taxe des carburants» sont globalement en baisse. Le signe, selon elle, que «les distributeurs prennent depuis 4 mois des marges très élevées pour rattraper leurs pertes du second semestre 2022». Un rattrapage qui «pouvait s'entendre», à condition «d'être assumé de façon transparente», ajoute l'association.

Michel-Edouard Leclerc se défend

Mardi 9 mai, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait elle aussi lancé un appel aux distributeurs, leur demandant de «baisser plus vite» les prix du carburant afin qu'ils reflètent «au plus proche» le recul des cours internationaux du pétrole.

Une demande qui n'a pas manqué de faire réagir Michel-Edouard Leclerc, le président du comité stratégique des centres E.Leclerc. Ce mercredi, il a estimé «gonflé» de la part du gouvernement de s'adresser aux distributeurs sur ce sujet, alors même qu'un «gros fournisseur» comme TotalEnergies engrange «des milliards de bénéfices» sans être «tenu de baisser ses prix».

«S'il doit y avoir des acteurs économiques pour baisser le prix des carburants, c'est d'abord celui qui fait le marché des carburants, a déclaré Michel-Edouard Leclerc. Les marges secrétées par Total l'année dernière sont au moins aussi élevées que l'année d'avant, les pouvoirs publics (lui) avaient demandé l'année dernière de faire des ristournes et personne ne s'était offusqué que Total ne restitue qu'un demi-milliard aux consommateurs français à travers son seul propre réseau».

Accusant «chaque ministre [...] de sortir son petit combat "typex" pour effacer les retraites», le président du groupe E.Leclerc a également fustigé l'enquête de la CLCV, jugeant que le calcul d'une marge brute «dépassant les 25 centimes le litre» relève du «délire». «Au plus haut dans une station service Leclerc (la marge est de) 8 centimes et en moyenne c'est 2,5 à 3 centimes», a-t-il assuré.

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