Terminé de descendre dans un grand palace. Trop ostentatoire, trop impersonnel. Depuis quelques mois, l’hôtellerie parisienne connaît un regain de jeunesse, avec des établissements de taille raisonnable, à l’esthétique avenante et aux cartes alléchantes.
L’hôtel Mathis, l’anti-bling
[© Guillaume de Lau]
La porte, imposante et vernissée, ressemble à celle d’un de ses immeubles bourgeois qui paraissent toujours enveloppés dans le silence. A une époque phagocytée par le narcissisme d’Instagram et l’étalage du bling-bling, l’hôtel Mathis oppose un luxe de la discrétion. Lumière tamisée, chambres confortables, ambiance ouatée, mobilier sobre à peine relevé d’une touche de fuschia ou de moutarde ou de quelques dorures, jamais tapageuses. Les vingt-trois chambres “très privées”, avec lits king size et papier peint fleuri, sont desservies par un room service revendiqué haut de gamme. Le bar et le restaurant, qui restent ouverts toute la nuit, se lovent dans un décor feutré très Art nouveau : lustres à pampilles, moquette à motifs végétaux, toiles de Bernard Buffet. Ouvert il y a vingt ans, l’hôtel Mathis, apprécié de Françoise Sagan ou Roman Polanski, s’offre une nouvelle vie, repris par les équipes de l’Experimental Group.
Hôtel Mathis, 3, rue de Ponthieu (8e). A partir de 170 euros la nuit.
Le Grand Pigalle, le chic bohème
[© Kristen Pelou]
Lampes vintage, appliques mordorées en forme d’ananas, meubles en acajou, papier peint graphique et portes à ouvrir avec de bonnes vieilles clés… Le design, signé Dorothée Meilichzon qui a déjà oeuvré à l’esthétique de l’hôtel Paradis, du café Pinson ou du Mojo entre autres, valorise trente-sept chambres et suites mansardées. Situé à Pigalle, un quartier qui aimante bars branchés, friperies et bistrots novateurs, le Grand Pigalle, chic et un rien bohémien, ouvert il y a un an, a trouvé sa place. En cuisine, le chef Giovanni Passerini propose pizzetta, burratta fumée, morue confite, qu’il arrose de vins italiens.
Grand Pigalle, 29, rue Victor Massé (9e). A partir de 150 euros la nuit.
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Le Grand Amour, petit fripon
Bibliothèque fournie, murs blancs, parquet impeccable, mobilier vintage chiné à l’étranger… Le décor pourrait être celui de la chambre d’un érudit branché. Mais à mieux y regarder, il y a aussi ces motifs phalliques ou vaginaux sur une moquette signée de la maison Pierre Frey ou ces photos encadrées, racées et déshabillées, de Guy Bourdin et Helmut Newton… Le Grand Amour hésite entre appartement design et boudoir façon hôtel de passe. Ses quarante-et-une chambres et sa suite surplombent un grand salon avec cheminée, un jardin d’hiver et une cour carrelée de marbre vert. Le restaurant propose une carte de néo-bistrot où s’alignent risotto, cheeseburger, onglet de veau, pièce de boeuf ou sôle rotie. Il faut compter une quarantaine d’euros pour le repas - midi ou soir.
Le Grand Amour, 18, rue de la Fidélité (10e). A partir de 130 euros la nuit.
L’Hôtel Henriette, cocon soyeux
[© Hervé Goluza]
C’est dans une rue pavée, à deux pas de la rue Mouffetard, que s’est installé l’hôtel Henriette. Derrière ce prénom délicieusement désuet, se cache un établissement bienveillant dont le mantra est “installez-vous ici comme dans une chambre d’ami” ! Les trente-deux chambres lumineuses (de 11 m2 à 25 m2) mixent papier peint à motifs fleuris, boiseries, plantes sur tables de nuits et draps immaculés, une décoration pastel, un brin vintage, supervisée par Vanessa Scoffier. Si on sort de sa chambre-cocon, on peut profiter du jardin d’hiver, de la bibliothèque de livres chinés ou demander conseil à la réception pour trouver un vernissage, une soirée enthousiasmante ou un bistrot alléchant.
Hôtel Henriette, 9, rue des Gobelins (13e). A partir de 89 euros la nuit.
L’Hôtel Providence, le spot des Grands Boulevards
[© Benoît Linero]
Et un de plus ! Déjà associés dans une nuée de bistrots parisiens du nord et de l’est de la capitale - le Sans-Souci, le Floréal, Chez Jeannette, Chez Justine, la Brasserie Barbès… - Pierre et Elodie Moussié ont ouvert l’Hôtel Providence. Dix-huit chambres (de la mini de 13 m2 à la suite de 45 m2) nichées dans un immeuble de 1854, posé à deux pas des Grands Boulevards. Jouant sur une opposition de matières (velours, bois, marbre…), la déco est soignée. Dans chaque chambre, un petit bar permet de se concocter soi-même des cocktails à son goût, au moyen d’un shaker. Le restaurant du Providence mixe sandwich brioché de homard, gambas rôties, huîtres, St-Jacques et foie gras, pour une cinquantaine d’euros par repas. Archi-copieux, le brunch du dimanche (11h à 15h) fait voisiner jus de fruits, boissons chaudes, financiers, charcuteries, rosbif, viennoiseries et muesli.
Hôtel Providence, 90, rue René Boulanger (10e). A partir de 170 euros la nuit.