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Voyage vers Mars, implants cérébraux, IA... L’élection de Donald Trump va-t-elle accélérer la mise en place d'une société «cyberpunk» rêvée par Elon Musk ?

Elon Musk et Donald Trump partagent plusieurs ambitions, mais également quelques points de divergences. [Brandon Bell/Pool via REUTERS]

Proche de Donald Trump qui lui a récemment offert un poste dans son administration, Elon Musk semble avoir toutes les cartes en main pour développer une société reposant sur les avancées technologiques.

Et si la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine permettait à Elon Musk de redéfinir les États-Unis à sa façon ? Élu le 5 novembre dernier après avoir battu son adversaire démocrate Kamala Harris, Donald Trump va de nouveau siéger à la Maison Blanche à compter du 20 janvier 2025, en tant que 47e président des États-Unis.

Avant même d’avoir prêté serment sur les marches du Capitole, l’homme d’affaires américain a décidé de nommer plusieurs figures importantes de sa campagne électorale, dont Elon Musk.

Très présent au côté de Donald Trump au cours de sa campagne présidentielle, Elon Musk a été récompensé par une nomination au nouveau Département de l’Efficacité Gouvernementale. Une position, partagée avec le milliardaire républicain Vivek Ramaswamy, qui pourrait se révéler déterminante dans le développement d’une société avant-gardiste, grandement influencée par la technologie et qui irait en sa faveur, bien que tout soit encore au stade des spéculations.

Les conflits d'intérêts, un véritable frein ?

«Elon Musk a toujours une seule constante : il fait tout pour favoriser ses intérêts et les intérêts des entreprises qui sont, in fine, ses intérêts. Et avec cette commission, c'est ce qu’il va faire», estime Boris Manenti, journaliste et auteur de l’ouvrage «Elon Musk, le bonimenteur» (Éditions du Rocher). «Comme il aura la main sur les budgets, il pourrait faire pression pour que les enquêtes de différentes agences qui visent ses entreprises s'arrêtent», ajoute-t-il.

Parmi ces enquêtes figurent celles concernant la sécurité des véhicules de sa marque automobile Tesla, ainsi que celles sur les dommages environnementaux des fusées de SpaceX.

Cette dernière, sollicitée par la NASA pour certaines missions, pourrait se retrouver au cœur d’un conflit d’intérêt énorme. «Pendant la campagne, Elon Musk a évoqué, à un moment, qu’il voulait remettre en question la navette spatiale pour la NASA, en cours de construction par Boeing, qui est le principal concurrent de SpaceX dans le spatial», explique le journaliste.

De plus, les deux nouvelles figures fortes de la politique américaine semblent avoir des points de divergence sur la reconquête spatiale : si Elon Musk rêve d’envoyer un homme sur Mars, voire y faire habiter des hommes, Donald Trump, comme nombre de ses prédécesseurs, vise également un retour sur la Lune avec la mission Artemis.

Le développement de l'IA sans limite, une véritable opportunité pour le tandem Musk/Trump

Selon George Nield, le président de Commercial Space Technologies, le programme Artémis pourrait donc au moins être «accéléré», voire «annulé». «Ils pourraient tourner la page et dire : oublions la lune, nous y sommes allés, concentrons-nous sur Mars», explique ce dernier. Une telle décision pourrait coûter plusieurs milliards de dollars.

Très engagé dans le secteur de l’intelligence artificielle, Elon Musk pourrait développer son emprise dans le domaine sous la présidence Trump, qui souhaite, selon les mots employés par ce dernier, «abroger le dangereux décret de Joe Biden». Adopté en 2023, il oblige les entreprises à donner les résultats de leurs tests de sécurité lorsque leurs projets «posent un risque sérieux en termes de sécurité nationale, de sécurité économique nationale, ou de santé publique», comme l'indique le décret.

Invités par Emmanuel Macron au Sommet pour l'action sur l'IA à Paris, les 10 et 11 février prochains, Elon Musk et Donald Trump pourraient évoquer leurs plans d'actions sur la technologie pour les années à venir.

Elon Musk, un Républicain lancé par des Démocrates

Bien que fervent soutien du camp républicain, c’est pourtant sous le contrôle des Démocrates qu’Elon Musk a vu son empire se développer à travers les États-Unis, comme le rappelle Boris Manenti.

«On peut remettre au profit des Démocrates que ce ne sont pas du tout eux qui ont entravé le développement de l'empire Musk : c'est sous Obama que la NASA a signé le plus gros contrat avec Space X et qu’elle est devenue ultra-dépendante de SpaceX, explique-t-il. Dernièrement, Neuralink a pu mener ses essais sur les humains sous la présidence de Joe Biden. C'est également son administration qui a soutenu les primes à la conversion vers les véhicules électriques», alors que Donald Trump, climatosceptique confirmé et en faveur d’un retrait des accords de Paris, semble plutôt se tourner vers les véhicules thermiques.

Une position en totale contradiction avec celle d’Elon Musk, qui rêve de voir une société roulant à l’électrique.

Ses intérêts avec Tesla entreraient donc en conflit avec la stratégie géopolitique de Donald Trump. En plus de la question écologique, le futur président américain a promis d’être très agressif en ce qui concerne les droits de douane avec la Chine, pays où près de la moitié des véhicules de la marque automobile sont fabriqués.

«Combien de temps les États-Unis pourront mener une politique d’alignement sur les intérêts d’Elon Musk ?», questionne finalement l'auteur de l'ouvrage sur le patron de Tesla.

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