Les utilisateurs de Facebook et X sont confrontés à des publicités frauduleuses mettant en scène des célébrités populaires pour promouvoir des placements financiers, notamment des cryptomonnaies.
Apparaissant menotté par la police australienne sur une photo largement diffusée sur les réseaux sociaux, l'humoriste Jamel Debbouze aurait soi-disant fait une «erreur qui lui a coûté sa carrière». Vu par de nombreux internautes, ce cliché est pourtant monté de toutes pièces : il fait partie des publicités frauduleuses qui circulent actuellement en ligne pour promouvoir des sites d'investissement en ligne et de cryptomonnaies.
Ces plates-formes n'hésitent pas à produire de faux articles de presse aux titres outranciers, voire de fausses interviews de célébrités à des fins de promotion. Pour attirer les clics, elles inventent des déclarations ou des incidents autour de personnalités populaires comme Vincent Cassel, Francis Cabrel, Cyril Lignac, Elise Lucet et donc Jamel Debbouze.
Le fameux cliché de l'humoriste arrêté par la police australienne est en réalité un montage réalisé à partir d'une photo d'agence de presse montrant l'arrestation d'un manifestant à Sydney lors d'un rassemblement anti-confinement en 2021. En cliquant sur la publication, l'internaute se retrouve face à un faux article du quotidien Le Monde, censé révéler une astuce d'enrichissement facile sur Internet dévoilée par Jamel Debbouze lors d'un passage télévisé dans l'émission «Quotidien».
D'après ce récit mensonger, cette ruse vaudrait aujourd'hui à l'humoriste d'être «attaqué en justice» par la Banque de France. En réalité, Jamel Debbouze n'a jamais tenu les propos qu'on lui attribue dans ce faux article présenté comme une retranscription de son passage télévisé.
D'après Alexandre Alaphilippe, directeur exécutif de l'ONG de lutte contre la désinformation EU DisinfoLab, cette «industrie de l'arnaque financière» est active depuis un moment sur Facebook et tend aujourd'hui à se propager sur le réseaux social X.
Ces contenus reprennent plusieurs codes de précédentes campagne d'arnaque menée sur la plate-forme de Meta, qu'il s'agisse de «Facebook Hustles», dévoilée dans une enquête du groupe de lutte contre la désinformation CheckFirst, ou d'un ensemble de 242.000 fausses pages Facebook diffusant des contenus pro-Kremlin comme des arnaques financières, révélé par l'ONG spécialisée dans les sujets numériques Reset.
différentes techniques utilisées
Selon un rapport publié par cette dernière, ces publicités frauduleuses utilisaient différentes techniques pour gagner du trafic sur Facebook, telles que «des redirections trompeuses, du typosquatting (l'utilisation de noms de domaines de sites reconnus du public, ndlr) et des pages d'accueil trompeuses». Autant de pratiques «interdites dans la politique de Meta en matière de spam».
S'ils n'identifient pas l'arnaque, les internautes «peuvent se faire avoir et donner de l'argent à des cybercriminels», déplore Alexandre Alaphilippe. En parallèle, les personnalités et organes de presse dont l'identité a été usurpée se retrouvent eux aussi dans une position délicate.
Face à l'ampleur des publications trompeuses la concernant, Elise Lucet, présentatrice de Cash Investigation, a d'ailleurs dénoncé une «arnaque» et appelé ses abonnés à se méfier de ces promotions pour des «sites de cryptomonnaie». De son côté, le groupe Le Monde a annoncé son intention de déposer plainte contre X pour «usurpation d'identité numérique et contrefaçon de marque».
Puisqu'il est l'un des trois principaux acteurs de la publicité numérique mondiale avec Google et Amazon, le groupe Meta en vient à être rémunéré par les annonceurs à l'origine de ces publications frauduleuses, qui veulent augmenter leur visibilité. Contacté à ce sujet, l'entreprise a assuré que ses «équipes restent déterminées à poursuivre leur travail pour supprimer les contenus et les comptes» qui enfreignent ses règles.