Deux sociétés des auteurs compositeurs et éditeurs de musique européennes parmi lesquelles la Sacem ont fait savoir leurs craintes du développement de l'intelligence artificielle dans l'industrie musicale, dans un rapport dévoilé ce mardi.
Les chiffres sont sans appel. D’après une étude relayée ce mardi 30 janvier par la Sacem française (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) et son équivalent allemand, la GEMA, 71% des créateurs craignent que l'intelligence artificielle n’impacte négativement leurs revenus, s’ils ne sont pas supprimés et menace ainsi leur avenir.
Il s’agit du premier rapport du genre. Pour étudier l’impact de l’IA dans la musique, les deux entités se sont appuyées sur «une analyse du marché, des interviews d'experts, ainsi qu'un sondage mené auprès de plus de 15.000 créateurs et éditeurs membres de la Sacem et de la GEMA.
Rendre l'intelligence artificielle «plus vertueuse»
Klaus Goldhammer, directeur général de Goldmedia, société de conseil allemande qui a réalisé l'étude, a précisé que «35% des personnes interrogées utilisent déjà l'IA dans un grand nombre de domaines liés à la création musicale». «Les nouvelles technologies suscitent également des inquiétudes : 71% des personnes interrogées craignent que l'IA générative ne permette plus aux créateurs de musique de vivre de leur travail à l'avenir», complète-t-il.
A l'horizon 2028, la GEMA et la Sacem constatent «que les auteurs et les créateurs pourraient voir leurs revenus diminuer de 27%, représentant une perte totale cumulée de 2,7 milliards d'euros». Face à ces projections, «95% des créateurs et éditeurs de musique demandent plus de transparence aux entreprises qui développent des outils d'IA». Environ «93% d'entre eux disent également souhaiter que les décideurs politiques accordent plus d'importance aux défis liés à l'IA et aux droits d'auteur», peut-on lire dans le rapport.
Pour Cécile Rap-Veber, directrice générale gérante de la Sacem, il n'est pas question «de ralentir» l'activité de l'IA, mais plutôt «de la rendre vertueuse». «Nous travaillons activement avec les acteurs du secteur pour mettre en place des solutions techniques visant à identifier les contenus générés par l'IA», développe la responsable. Pour sa part, Tobias Holzmüller, directeur général de la GEMA, insiste : «Les auteurs ont besoin de transparence et de contrôle sur l'utilisation de leurs œuvres».