Mercredi 8 février, la création d'une commission d'enquête sur le réseau social chinois TikTok a été validée par le Sénat. De son côté, la plate-forme a fait aussi part de sa volonté de collaborer sur ce sujet.
L'«opacité» de TikTok inquiète le Sénat. Convaincu qu'elle est «bien supérieure» à celle des autres réseaux sociaux, le président du groupe Les Indépendants, Claude Malhuret, a demandé l'ouverture d'une commission d'enquête à ce sujet. Sa création a été actée mercredi 8 février, par la Conférence des présidents du Sénat.
Son rôle sera, d'après Claude Malhuret, de «dévoiler un certain nombre de zones d'ombre» liées au fait que TikTok, propriété du géant chinois ByteDance, évolue selon lui «dans le cadre d'une dictature», là où les autres réseaux s'inscrivent dans une «démocratie». Le sénateur souligne notamment le fait «la loi chinoise oblige toute entreprise à coopérer avec les services de renseignement».
S'il ne pense pas pouvoir obtenir l'ensemble des algorithmes utilisés par TikTok via cette commission d'enquête, Claude Malhuret ambitionne toutefois d'auditionner des personnes sous serment et de réaliser des contrôles «sur pièces», puisque la plate-forme a «une raison sociale en France».
Les 19 sénateurs des différents groupes politiques qui composeront cette commission seront désignés le 1er mars prochain. Ils disposeront alors de six mois pour mener leurs travaux à bien, mais le président des Indépendants espère avancer vite et rendre ses conclusions «avant les vacances d'été».
De son côté, TikTok a tenu à souligner sa volonté de collaborer avec cette commission. «Nous apprécions l'opportunité qui nous est donnée de rétablir les faits concernant des incompréhensions dont TikTok a fait l'objet, ainsi que toutes les mesures que nous prenons pour protéger notre communauté, et nos efforts continus pour nous conformer pleinement à la législation européenne. Nous sommes allés plus loin que toute autre plateforme en matière de transparence, et avons toujours eu des échanges constructifs avec les élus. Le respect de la vie privée, et la sécurité de la communauté TikTok sont nos priorités, et nous continuerons de tout mettre en œuvre pour nous assurer que nos utilisateurs bénéficient de l'expérience la plus sûre et bienveillante», a souligné le réseau social chinois dans un communiqué.
Des craintes en Europe et aux Etats-Unis
Ce n'est pas la première fois que l'opacité de TikTok est signalée en France. Elle a déjà été épinglée par l'autorité de régulation du numérique Arcom, dans son rapport publié fin 2022. Le document soulignait alors «la place incroyable» prise «à une vitesse fulgurante» par la plate-forme, notamment auprès des jeunes.
Au début du mois de janvier, le PDG du réseau social, Shou Zi Chew, a également été interpellé par plusieurs haut responsables européens lui demandant de respecter «entièrement» les règles de l'UE, notamment en matière de protection des données et de lutte contre la désinformation.
TikTok est aussi dans le collimateur des autorités américaines, certains élus conservateurs l'accusant d'être un outil d'espionnage ou de propagande au service de Pékin. Le président Joe Biden a récemment ratifié une loi qui interdit l'utilisation de la plate-forme à la Chambre des représentants et au Sénat, ainsi que sur les appareils des fonctionnaires.