Les banques centrales de chaque pays émettront-elles bientôt leur propre monnaie électronique ou verra-t-on même émerger une cryptomonnaie globale un jour ? Si la question reste pour l'heure sans réponse concrète, celle-ci est sérieusement étudiée par les institutions monétaires internationales.
«Une monnaie numérique émise par une banque centrale serait une des innovations les plus importantes de l'histoire des institutions monétaires et nous ferait entrer dans une nouvelle ère», a affirmé ce vendredi Andrew Bailey, gouverneur de la Banque d'Angleterre lors du lancement d'un pôle d'innovation à Londres (BIS Innovation Hub).
Avec le boom des cryptomonnaies (bitcoin, ethereum, dogecoin...), les pays tentent de s'organiser autour de ces devises non centralisées qui obéissent à de nouvelles règles. Et les banques centrales étudient l'idée de lancer un mode de paiement dématérialisé qui ne passerait pas obligatoirement pas l'industrie bancaire, contrairement aux monnaies fiduciaires (euros, dollars, yens...) classiques. Une idée qui séduit d'ailleurs la Banque centrale européenne qui a fait part en octobre dernier de la possibilité de créer un euro 100 % numérique dans les prochaines années.
La Chine déjà en avance
Outre-Atlantique, le cas d'un dollar électronique est également à l'étude au sein de la Réserve fédérale des Etats-Unis. Si les débats s'accélèrent sur la question en Occident, c'est principalement que le front asiatique s'organise déjà de manière concrète. Après avoir déclaré la guerre aux bitcoins et aux cryptomonnaies, le géant chinois a déjà lancé l'utilisation d'un Yuan numérique à l'essai dans différentes villes de l'Empire du milieu.
D'autres Etats ont quant à eux choisi purement et simplement de s'inspirer de l'existant. Cette semaine, le Salvador est devenu le premier pays au monde à faire du bitcoin sa monnaie nationale. Parallèlement, les grandes multinationales comme Facebook sont également sur les rangs pour créer leur propre projet, à l'instar du Diem.
Anciennement connu sous le nom de Libra, le Diem devait regrouper nombres d'entreprises avant que de nombreuses défections ne viennent plomber le projet. D'abord échafaudée en Suisse, cette future cryptomonnaie est finalement revenue aux Etats-Unis, sous le giron de Facebook.
«Un actif spéculatif»
Toutefois, les cryptomonnaies actuelles n'inspirent pas la confiance des banques centrales qui veulent pouvoir mieux réguler de futures monnaies électroniques. «Nous avons clairement dit que le bitcoin ne remplissait pas les conditions pour être considéré comme un moyen de paiement. C'est un actif spéculatif», a estimé vendredi Benoit Coeuré, directeur du pôle d'innovation technologique de la BRI (Banque des règlements internationaux).