Des chercheurs du projet européen OligoArchive planchent sur l'un des projets les plus ambitieux de cette décennie. Pour remplacer les datas centers de plus en plus coûteux et énergivores, ils ambitionnent de stocker les données du web dans de l'ADN de synthèse.
Une solution prise très au sérieux, puisque théoriquement cette méthode permettrait de «faire tenir toutes les données du monde dans une boîte à chaussures», résume Martin Koppe dans le journal du CNRS.
Résister au temps
Un seul gramme d'ADN de synthèse peut contenir 455 milliards de milliards de bits de données (455 exabits), là où il faudrait plusieurs data centers chacun de la taille d'un terrain de foot pour faire de même. Surtout, l'ADN présente un avantage énorme, celui de pouvoir stocker des données durant des milliers d'années.
«L’ADN a l’avantage d’être extrêmement compact et de résister au passage du temps. On parvient à séquencer de l’ADN de mammouths vieux de dizaines de milliers d’années, alors que les systèmes sur disque dur doivent être recopiés par sécurité tous les cinq ans, et ceux sur bande magnétique tous les vingt ans», explique Marc Antonini, directeur de recherche CNRS au laboratoire d’Informatique, signaux et systèmes de Sophia Antipolis et en charge de ce projet soutenu par la Commission européenne.
Surtout, il ne s'agit pas de science-fiction, puisque des travaux appliquées démontrent déjà des usages de cette technologie, à l'instar de l'image ci-dessous qui montre la manière dont peut être encodée une image dans de l'ADN de synthèse.
© Laboratoire I3S
Reste un problème épineux à résoudre : le coût de transfert des données et leur encodage. A l'heure actuelle, pour stocker une image dans de l'ADN de synthèse, il faut compter plusieurs milliers d'euros. Tout le travail des chercheur du projet OligoArchive est donc de réduire ces coûts.
Une technologie écologique
Mais l'espoir de cette équipe de chercheurs est potentiellement de faire un geste environnemental pour la planète. Alors que 4.738 data centers peuplent le monde, «un seul d'entre-eux consomme chaque année l'électricité d'une ville de 30.000 habitant», rappelle le journal belge L'Echo. Et lorsque l'on sait que l'ensemble de ces lieux représentent déjà 3 % de la consommation mondiale d'électricité, l'idée de trouver des moyens alternatifs et moins énergivores comme l'ADN de synthèse pourrait permettre de sauver notre planète, tout en préservant notre mémoire.