Les cookies vivent-ils leurs derniers instants ? Pas encore, mais à compter du 1er avril, ces petits programmes permettant de tracer notre activité sur le web feront l'objet d'une nouvelle régulation visant à obtenir le consentement express des internautes.
Vous l'avez sûrement constaté sur certains sites où vous avez vos habitudes, mais depuis quelques jours lorsque vous accédez à un site, un encart bien visible invite à recevoir votre consentement ou non sur l'usage des cookies. La Cnil précise d'ailleurs que le consentement doit être donné explicitement et que le bouton «Refuser tout» doit avoir le même habillage graphique que «Tout accepter».
Voulu par la Cnil notamment, cette nouvelle procédure devra obligatoirement être suivie par l'ensemble des créateurs et des hébergeurs de sites, sous peine de sanctions.
Un principe de transparence
Pour la Commission nationale informatique et liberté (Cnil), la France s'inscrit ici dans les principes de transparence et de respect de la vie privée réclamé par le RGPD au niveau européen.
La présidente de la Cnil, Marie-Laure Denis, précise d'ailleurs que les nouveaux dispositifs demandés autour des cookies inscrivent la France parmi les premiers pays de l'UE à «fixer un cadre très clair» à ce sujet.
«Les cookies sont des traceurs utilisés par les sites internet pour stocker les données de navigation des internautes et les suivre par l’intermédiaire d’identifiants uniques. Ils nécessitent dans certains cas le consentement préalable de l'internaute, celui-ci devant être clairement informé des objectifs de ces cookies avant de les accepter : publicité personnalisée ou non, publicité géolocalisée, personnalisation du contenu ou encore partage d’information avec les réseaux sociaux. L’internaute doit également avoir connaissance de l’identité des responsables du traitement de ces cookies et des conséquences en cas d’acceptation ou de refus», explique Philippe Wagner, cofondateur de la legaltech Captain Contrat (plateforme en ligne de services juridiques pour les TPE-PME).
Dès le 1er avril, les internautes pourront décider d'activer ou non certains types de cookies, de tout accepter ou de tout refuser. L'idée étant de donner plus de contrôle sur les informations potentiellement récoltées par chaque site et par là-même éduquer le grand public sur cette question longtemps «noyée» volontairement ou non par les propriétaires de sites web. Toutefois différents types de cookies existent et il convient de tempérer la portée de certains.
Différents types de traceurs
Et Philippe Wagner de poursuivre : «Il existe différents types de traceurs, dont certains sont indispensables au bon fonctionnement d'un site internet. Ce sont les cookies dits "fonctionnels" : ils participent à offrir à l’utilisateur une expérience de navigation optimale en permettant par exemple d’afficher un contenu en français quand on se connecte depuis le sol français, ou encore de conserver son panier d’achat d’une précédente session. Ceux-là ne nécessitent pas de consentement de la part de l’internaute».
Mais la Cnil vise particulièrement d'autres types de cookies. Ceux qui concernent les mesures d'audience et publicitaires. «Les cookies de mesures d’audience permettent aux éditeurs de site web de récolter tout un ensemble d’informations liées au comportement des utilisateurs sur le site (nombre de connexions, les pages visitées, celles qui convertissent le mieux…) afin de permettre à l’entreprise d’orienter au mieux ses actions et campagnes d’acquisition. Les cookies publicitaires quant à eux enregistrent des données sur les habitudes de consultation ou de consommation des internautes afin de leur proposer des publicités ciblées», prévient Philippe Wagner.
Reste que la régulation des cookies pourrait ouvrir la voie à d'autres systèmes de tracking des données, souvent plus pernicieux, voire illégaux. C'est le cas déjà avec les célèbres Super Cookies, hébergés sur des serveurs, et les Zombies Cookies, parfois indétectables sur vos smartphones et ordinateurs, et continuent de transmettre des données à votre insu.
Parallèlement, d'autres acteurs de la tech imaginent l'après cookie. Google pourrait bientôt proposer au sein du navigateur Chrome un nouveau système de ciblage fondé sur des groupes d'audiences («cohortes») définies en fonction de la navigation des utilisateurs.