Décrits comme terrifiants sous la plume d'Herman Melville dans Moby Dick (1851), les cachalots sont aujourd'hui classés parmi les espèces vulnérables. Et pourtant, la technologie pourrait bien péreniser leur avenir. Une intelligence artificielle vient en effet d'être mise au point par Capgemini et Amazon Web Services afin de mieux comprendre leur flux migratoire. Et chacun peut aujourd'hui prendre part à ce projet.
Ce dernier est né de la rencontre entre la biologiste marine Lisa Steiner qui photographie ces animaux depuis 1988 dans l'archipel des Açores et un employé de Capgemini, spécialiste français de l'informatique. L'idée était d'utiliser un fonds de plusieurs milliers d'images de nagoires caudales des cachalots, qui servent d'«empreintes digitales» pour identifier chaque individu, afin d'entraîner une intelligence artificielle à les reconnaître.
«L'objectif est d'identifier la population de cachalots et de suivre leur migration. Outre le fait qu'on peut en apprendre plus sur cette espèce, il est également possible de réorienter les routes maritimes empruntées par les navires, afin d'eviter des accidents», explique Julien Simon, spécaliste de l'IA chez Amazon Web Services.
Et de poursuivre : «Grâce au machine learning, nous avons pu automatiser la reconnaissance des nageoires avec un niveau de précision atteignant 97,5 %». Et Lisa Steiner d'ajouter : «L’algorithme réussit à trouver des correspondances que je ne pouvais pas déceler, en particulier ces queues aux contours très lisses qui sont difficiles à distinguer des autres»
© Lisa Steiner/Capgemini/AWS
Parallèlement, AWS et Capgemini ont ouvert l'expérience menée par Lisa Steiner auprès du grand public. Ainsi, si vous faites ou détenez des photos de cachalots et de nagoires caudales, il est possible de faire de la science participative en partageant vos clichés sur le site fluketracker dédié à leur identification. Chaque image viendra enrichir la base de données du projet.
© Lisa Steiner/Capgemini/AWS
A l'heure actuelle plus de 8.000 images y sont stockées, mais l'outil entend contribuer à en répertorier beaucoup plus, car les grands cachalots vivent en moyenne plus de 70 ans et sont présents dans presque toutes les mers du globe. Le cétacé est d'ailleurs régulièrement observé en Méditerranée près de Marseille notamment. Tandis que ces mammifères, qui se placent tout en haut de la chaîne alimentaire au sein des océans, contribuent à l'équilibre de la faune maritime.
Une IA utilisée aussi pour les orangs-outans
Au regard du succès de cette innovation, «Amazon Web Services vient de s'associer avec la WWF afin de suivre les populations d'orangs-outans. Plusieurs appareils photo à déclenchement automatique sont ainsi placés dans les forêts afin de recenser les différents individus de cette grands primates, afin d'apprendre à mieux les connaître. Tout ceci est emblématique de l'apport de l'IA à la recherche. Aujourd'hui, le machine learning permet d'analyser le climat ou encore de suivre l'évolution de la déforestation, avec des drones capables d'organiser le replantage et la reforestation par exemple», conclut Julien Simon.