Alors que ce 28 janvier est officiellement la Journée de la protection des données, Apple entend sensibiliser internautes et mobinautes à leurs usages. Surtout, la société californienne va imposer aux éditeurs d'applis mobiles de réclamer votre autorisation avant de pouvoir traquer vos données et les exploiter.
Une première qui témoigne des débats actuels qui animent la sphère politique, alors que l'UE vient de demander aux Etats-Unis de suivre ses positions sur ce point. Comment vivre aujourd'hui sans voir le moindre de ses déplacements, le moindre site internet visité, la moindre séance de running se traquée par des sociétés tierces qui aujourd'hui vont se charger de revendre vos données privées à bon prix ?
Un business estimé à plus de 227 milliards de dollars par an au niveau mondial, rappelle Apple qui souligne que chaque application installée sur un mobile contient en moyenne six trackers de données, aussi bien sur les smartphones iOS qu'Android.
Une mise à jour sous iOS 14 va inclure une nouvelle fenêtre pop-up qui s'affichera à l'ouverture d'une application : demandant expressément le consentement d'un utilisateur d'accepter ou d'interdire l'usage de ses données pour les revendre à des tiers. En clair, l'idée est de permettre à chacun de gérer le traçage de ses données.
Des applis trop curieuses
La firme de Cupertino s'interroge ainsi dans un document relatant une journée entre un père et sa fille. Afin de bien comprendre ce qui se passe dans votre quotidien, Apple suit une petite virée au parc entre John et Emma, sa fille de 7 ans. Une sortie anodine qui pourtant cache bien des surprises pour ce citoyen qui va être scruté sous toutes les coutures par quatre applis qui vont se charger de collecter des données en tâches de fond. Chacune va permettre alors de lui envoyer des publicités ciblées tout au long de son périple et même plus tard.
John vit dans une ville engorgée par les embouteillages ? Qu'importe, la géolocalisation lui proposera une pub pour acheter un scooter, même si celle-ci s'affiche sur la tablette qu'il partage avec sa fille. John prend un selfie avec Emma avec une app qui se charge d'ajouter des filtres en réalité augmentée ? Il ne sait peut-être pas que cette application a accès à l'ensemble de ses photos contenues dans son mobiles. Il partage une photo sur un réseau social ? Parfait, les données vont permettre à des sociétés tierces qu'il ne connaît peut-être pas d'en apprendre plus sur ses habitudes.
Et que dire lorsque John achète une glace pour le goûter ? Il paye par carte de crédit : super, certains vont pouvoir savoir combien il a dépensé pour cela et l'endroit où il l'a acheté. Il décide d'aller dans un magasin de jouets ? Ah, les trackers vont permettre de comprendre qu'il a un enfant et lui proposer bien sûr des publicités liées. John ne le sais peut-être pas mais sa simple sortie au parc a donc permis à plusieurs entreprises qu'il ne connaît pas de mieux comprendre qui il est, ses habitudes, où il habite et les sites qu'il fréquente.
De nouveaux principes plus durs
Si ce type de scénario est aujourd'hui connu, Apple rappelle que ce cas n'est pas une fatalité. La société va donc désormais accroître sa politique de transparence vis à vis de ses clients. L'App Store a récemment intégré une nouvelle politique contraignante à l'égard des développeurs, qui doivent obligatoirement déclarer sur l'App Store quelles types de données sont récoltées. S'ils ne remplissent pas cette condition, ils seront tout simplement bannis par Apple.
Parallèlement, Apple rappelle également quatre principes qui doivent guider une application et qui régissent sa politique : collecter des données à minima (justifiant le bon fonctionnement d'une appli), gérer les données à partir d'un seul appareil, jouer la transparence en expliquant clairement ce qui est collecté et enfin promettre un haut niveau de sécurité pour bloquer d'éventuelles cyberattaques.
Et si le ton se durcit chez Apple, la firme rappelle que cette prise de position s'inscrit dans un monde où l'on peut créer le profil d'un consommateur à partir de 5.000 caractéristiques pour mieux le cibler. Encore plus inquiétant, environ 20 % des applications à destination des enfants collectent et partagent des données sur eux.