Propulsant les joueurs une cinquantaine d'années vers un futur dystopique, Cyberpunk 2077 pourrait bien avoir une influence importante sur la mode des années 2020. Le jeu s'inscrit en effet dans une tendance qui émerge déjà en Asie, et qui pourrait déferler sur l'Occident dans les prochains mois.
Des vêtements phosphorescents, du maquillage fluo, des cheveux rasés d'un seul côté du crâne, de longs manteaux en cuir trainant sur le sol... L'imagerie cyberpunk gagne en popularité ces derniers mois chez les fashionistas.
Si dès les années 1980, des films comme Blade Runner (1982) imaginaient déjà une mode techno dérivée du mouvement punk des années 1970, plusieurs signaux témoignent d'une résurgence de ce courant dans la mode. Ainsi dès l'été 2019, le fameux Neon Makeup (maquillage néon) et ses couleurs ultraflashy s'était imposé parmi les nouvelles tendances. En Chine, les marques de cosmétiques, comme Olay, mettent ainsi en avant des fonds de teint pour donner un aspect métallique au visage, tandis que certaines créatrices imaginent des codes barres sur les joues.
«Les gens doutent sur le monde et l'avenir, le contexte est donc propice au cyberpunk. Car il y a un besoin de trouver un héros ou une héroïne qui désingue le système. Il y a une tendance aux silhouettes à la Matrix, à des coupes de cheveux rasées ou des carrés à la Jeanne d'Arc, ce côté chevalier. Les derniers défilés de Saint-Laurent ou Balenciaga donnaient à voir des silhouettes futuristes inspirées des samouraïs. On voit également des maquillages anti-reconnaissance faciale, les marques assument aussi le port du masque et les talons des femmes s'effacent pour des chaussures avec des grosses semelles bien ancrées dans la réalité», explique Vincent Grégoire, chasseur de tendances pour l'agence de style Nelly Rodi.
Un jeu en phase avec son temps
Et la hype qui entoure le jeu Cyberpunk 2077, attendu pour le 10 décembre sur consoles, PC et Stadia, devrait pousser cette mode et inciter les joueurs fans de son univers à adopter quelques tendances vestimentaires, cosmétiques et capillaires dans les rues. Alors que le jeu pourrait être vendu à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde, son univers digital est en phase avec l'esthétique cyberpunk actuelle et son mode de communication.
«Les derniers défilés de la fashion week ont témoigné d'une mode qui se virtualise. On voit désormais des défilés sur Twitch, des concerts dans le jeu Fortnite... Tout ça est hérité du courant punk qui refuse le matériel pour aller vers le numérique. Nous ne sommes d'ailleurs qu'au début des avatars et des hologrammes», analyse Vincent Grégoire.
Un courant qui ne vise pas seulement la jeunesse, mais qui est également adopté par les plus âgés. «Ce courant touche aussi les vieux qui veulent rester dans le jeunisme, ils s'assument sans tabou. Il ne s'agit pourtant pas de quelque chose de nouveau puisqu'on remixe des codes déjà connus. Aujourd'hui, les jeunes revisitent les clichés des années 1980, 1990 et 2000. Il ne s'agit pas d'une révolution, mais d'une évolution», tempère Vincent Grégoire.
En Asie, le courant cyberpunk est ainsi suivi de près. La Corée du Sud, le Japon et la Chine démontrent ainsi leur attachement actuel à ce mouvement.«Il y a un côté transgressif qu'ils s'approprient», précise Vincent Grégoire. Et le succès de Cyberpunk 2077, qui devrait transcender les frontières, ne devrait pas être étranger à la diffusion de ce courant. «C'est la rue avec ses expérimentations qui influence le jeu vidéo, mais ce que va explorer le jeu vidéo va aussi rejaillir sur la rue», conclut-il.