Après plusieurs jours de menace, Donald Trump devrait «passer à l'action» et prendre des mesures contre TikTok aux Etats-Unis. Il laisse néanmoins un délai pour conclure un rachat par Microsoft.
Une décision qui s'inscrit dans la guerre économique menée par Washington contre Pékin, sur fond de suspicion d'espionnage. Et l'affaire TikTok rebondit ce lundi matin, puisque le président veut obliger la société chinoise ByteDance, qui possède le réseau où sont diffusées et partagées de courtes vidéos, a venir à la table des négociations avec Microsoft.
Les deux parties ont jusqu'au 15 septembre pour s'entendre, alors que Donald Trump menace de bannir l'application de son territoire.
La veille, une nouvelle intervention de Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine à Fox News était venue mettre en garde ByteDance. «Le président Donald Trump a dit 'ça suffit' (...), donc il va prendre des mesures dans les jours qui viennent en réponse aux divers risques pour la sécurité nationale que posent les logiciels liés au Parti communiste chinois», a-t-il déclaré.
Parallèlement, le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, est venu ajouter sur la chaîne ABC que «TikTok doit être vendu ou bloqué aux Etats-Unis à cause des inquiétudes pour la sécurité nationale».
Une escalade dans les propos de l'exécutif américain qui est la résultante de plusieurs semaines de tensions politiques et commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Si l'affaire Huawei avait également été retentissante, Donald Trump s'en prend à un nouveau fleuron de l'économie numérique chinoise. TikTok est en effet le réseau social montant chez les jeunes. Il compterait plus de 800 millions d'utilisateurs à travers le monde, dont 100 millions rien que pour les Etats-Unis.
Des données privées qui transitent vers la Chine ?
Problème, selon Mike Pompeo, WeChat ou TikTok enverraient «directement des données (sur leurs utilisateurs) au Parti communiste chinois, dont leur adresse, leur numéro de téléphone, leurs amis, leurs contacts». «Pendant longtemps, les Etats-Unis ont juste dit, bon, si on s'amuse ou si des entreprises font de l'argent avec, nous allons les tolérer», note Mike Pompeo. Parallèlement, une enquête sur TikTok a été ouverte, tandis que plusieurs représentants du parti démocrate ont également rejoint ces propos. «Nous sommes d'accord sur le fait qu'il faut du changement. Forcer une vente ou bloquer l'appli. Tout le monde est d'accord qu'elle ne peut pas exister telle quelle», a ainsi déclaré Steven Mnuchin.
Un rachat par Microsoft avant la fin de l'été ?
«Forcer la vente» est donc synonyme d'une ouverture vers un rachat du réseau social chinois. Et Microsoft y voit une aubaine. Le groupe américain a encore insisté ce dimanche 2 août sur son offre de rachat auprès du groupe chinois ByteDance, qui détient TikTok. Satya Nadella, patron de la firme de Redmond, est lui même monté au créneau en expliquant que des pourparlers allaient se poursuivre. Ce rachat pourrait toutefois être partiel, Microsoft pouvant s'assurer de l'exploitaiton totale de TikTok pour les seuls territoires des Etats-Unis, du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
Microsoft fait également valoir que ce rachat sera «soumis à une évaluation complète de la sécurité et devra apporter des bénéfices économiques aux États-Unis, y compris au Trésor américain». Manière aussi de séduire le gouvernement de Donald Trump.