Son nom est Ai-Da et sa signature en bas d'un tableau pourrait bientôt valoir de l'or. Présentée comme «l'une des artistes les plus exaltantes de notre époque», elle est en réalité... un robot.
Profitant d'une intelligence artificielle dédiée à la création d'oeuvres, cet androïde de l'université d'Oxford, en Angleterre, expose ses premiers travaux du 12 juin au 6 juillet.
«Elle est totalement algorithmique... totalement créative», a expliqué à son concepteur, le marchand d'art Aidan Meller tandis que l'artiste-robot, vêtue d'une blouse de peintre et coiffée d'une perruque brune, le croquait.
«Pas juste une imrprimante»
«Ce n'est pas juste une imprimante très chère: on ne sait pas ce qu'elle va réaliser», souligne-t-il. Quarante-cinq minutes plus tard, c'est son visage qui apparaît sur la toile, esquissé par des coups de crayon habiles. Pour travailler, Ai-Da utilise ses yeux, en réalité des caméras qui capturent ce qui se trouve devant elle. Puis un ordinateur interne, et sa technologie d'apprentissage automatique, traduisent les informations emmagasinées en coordonnées qui lui permettent de reproduire une image.
D'autres croquis d'Ai-Da ornent les murs de la galerie d'art tenue par Aidan Meller. Il y a aussi des tableaux colorés et des sculptures mais ces oeuvres ont été réalisées par des humains à partir des esquisses d'Ai-Da. Car l'androïde ne peut tenir avec son bras robotique que certains types d'outils, comme les crayons à papier, mais pas les pinceaux.
Déjà 1,13 million d'euros de ventes
Fruit de deux années de R&D, Ai-Da est surnommée ainsi en hommage à la mathématicienne Ada Lovelace (1815-1852), pionnière anglaise de la science informatique. Le dénominateur commun entre tous les grands artistes est d'avoir su «capter l'esprit de leur époque», a-t-il justifié : au XXIème siècle, cet esprit s'incarne, selon lui, dans l'intelligence artificielle.
Ses pères lui ont donné l'apparence d'une femme, comme le souhaitait Aidan Meller. «Elle est dotée d'incroyables technologies et de compétences pour produire des oeuvres remarquables, innovantes», insiste-t-il, pointant que pas un seul de ses travaux n'est identique. Discret sur le coût total du projet, M. Meller a indiqué que la vente des oeuvres d'Ai-Da avait permis son financement : l'intégralité des pièces a déjà été cédée pour 1,13 million d'euros. Pas mal pour un robot.