Un rapport parlementaire présenté ce mercredi souligne les difficultés des enfants dans l’apprentissage de la lecture à l’école primaire. Les méthodes utilisées et la formation des enseignants pourraient être améliorées, selon les députés.
Les difficultés dans l’apprentissage de la lecture sont préoccupantes, selon un rapport parlementaire. Ce mercredi 24 janvier, le rapport de la mission d’information relative à l’apprentissage de la lecture, porté par la députée Annie Genevard (LR) et Fabrice Le Vigoureux (Renaissance) a été présenté en commission des Affaires culturelles.
Cette étude présente un état des lieux «des difficultés structurelles que rencontre l’école dans la transmission de ce savoir fondamental» qu’est la lecture. Le constat s’appuie notamment sur les résultats des évaluations nationales, mais aussi sur les classements internationaux, comme le rapport Pisa.
«Savez-vous qu’en 2022, 28% des élèves en début de CE1 n’étaient pas en mesure de lire de manière satisfaisante des mots à voix haute ? Savez-vous que 45% des élèves entrant en 6e cette année-là n’atteignaient pas la vitesse de lecture attendue des élèves en fin de CM2 ?» a déploré Annie Genevard lors de la présentation de son rapport.
Des jeunes en situation d'illettrisme
Les données relevées dans le rapport ne concernent pas uniquement de très jeunes enfants, mais mettent également en lumière des difficultés de lecture chez des adolescents et des jeunes adultes. Lors des Journées Défense et Citoyenneté (JDC), une journée d’appel obligatoire qui sert au recensement des jeunes de 16 à 25 ans, des tests de lecture sont réalisés. En 2022, 11,2% des participants à la JDC rencontraient «de grandes difficultés dans le domaine de la lecture», et près de 5% «pouvaient même être considérés comme se trouvant dans une situation d’illettrisme», selon le rapport.
Selon les rapporteurs de la mission d’information, la faiblesse des résultats peut être expliquée par de nombreux facteurs : manque de moyens à l’école, problèmes de méthode, manque de formation des enseignants, ainsi que la place du numérique.
Méthode syllabique
Après avoir interrogé chercheurs, enseignants, parents d’élèves et directeurs d’école, les parlementaires ont notamment mis en lumière une différence entre le consensus scientifique sur l’efficacité de la méthode syllabique pour apprendre à lire, et ce qui est pratiqué à l’école.
En effet, selon les rapporteurs, la méthode syllabique, qui repose sur des correspondances graphèmes-phonèmes et sur le décodage des mots grâce aux lettres et aux sons, est reconnue comme la méthode la plus efficace.
Cependant, «les méthodes les plus largement employées dans les classes sont des méthodes "mixtes", reposant sur l’utilisation, en plus du décodage, de plusieurs stratégies d’identification des mots qui s’en écartent : reconnaissance globale, déchiffrage partiel, utilisation du contexte ou appui sur un dessin», est-il expliqué.
Risques de l'exposition aux écrans
Le rapport souligne également les faiblesses dans la formation des enseignants eux-mêmes. «Au total, seuls 34% des professeurs des écoles françaises se considèrent comme bien ou très bien préparés», est-il indiqué. Les rapporteurs ont également souligné l’utilisation de manuels scolaires parfois obsolètes qui ne correspondent plus aux connaissances scientifiques et aux exigences actuelles.
Enfin, le rapport fait état du risque de perturbations dans l’apprentissage de la lecture causé par les écrans, tant à la maison que dans les salles de classe. «Si certains outils numériques présentent incontestablement un intérêt, notamment pour les enfants ayant des difficultés particulières (troubles dys, déficits auditifs, etc.) l’utilisation de tablettes ou d’ordinateurs à l’école n’entraîne, globalement, aucune amélioration des performances en écriture et en lecture. Au-delà d’un certain seuil d’utilisation, c’est même l’inverse qui se produit.»
Les rapporteurs ont donc formulé 35 propositions pour améliorer l'apprentissage de la lecture à l'école, concernant la méthode, l'organisation et le temps alloué à cet enseignement, ainsi que sur la formation des professeurs.