Les habitants d'une tour du quartier de l'Almont à Melun (Seine-et-Marne) sont à bout. Des dealers ont investi les lieux depuis plus de deux ans faisant de leur quotidien un enfer. Dépassés par les allées et venues, la saleté à tous les étages et les nombreux rats et cafards, ils appellent littéralement à l'aide.
Au 9 de la rue Claude Bernard, à Melun, en Seine-et-Marne, ne rentre pas qui veut. Après avoir passé les barrages, dans le hall se dégage une forte odeur d'urine. Sur les murs, les tarifs de diverses drogues sont affichés. Depuis plus de deux ans, des dealers ont investi cette tour de treize étages.
A tous les niveaux, des immondices jonchent le sol. Les ascenseurs sont cassés régulièrement. D'autres barricades ont été érigées au cinquième étage, où les trafiquants ont établi leur point de deal. Des locataires ont accepté de témoigner, mais de façon anonyme, par peur de représailles.
Denise, dont le prénom a été changé, habite ici depuis des dizaines d'années, et a vu son quartier se dégrader. «Ils ont envahi le hall, ils ont envahi les escaliers. A la hauteur du cinquième étage, il y a une barricade pour pouvoir passer, quand on descend. J'ai des difficultés à monter et descendre les escaliers. On leur demande de pousser un peu leurs barricades, ils n'en ont rien à faire», raconte la locataire. De l'avis des résidents, ces jeunes, qui n'habitent pas la tour, ne sont pourtant pas agressifs à leur égard.
un immeuble devenu «un squat»
A l'origine, dans ce quartier, habitaient des gendarmes, des militaires et des agents hospitaliers. Des fonctionnaires qui sont partis quand ils ont eu accès à la propriété, remplacés par une mixité sociale.
Eve, mère de famille, s'est elle aussi confiée sur les conditions dans lesquelles les habitants vivent aujourd'hui. «C'est rempli de rats et de cafards. On les voit se bagarrer, on les voit sortir de jour comme de nuit», décrit-elle, désemparée. «Comment, en 2023, on peut laisser des locataires vivre dans un immeuble devenu un squat ? Tout est laissé à l'abandon. On essaye de survivre, mais c'est pas évident.» La police passe régulièrement mais les dealers reviennent. Ce faisant, les habitants sont livrés à leur sort.
Le bailleur Habitat 77 a effectué des rénovations en 2018 pour 150.000 euros, puis en 2022 avec la réfection des ascenseurs, portes, plafonniers. Le bailleur a également loué les services d'agents de sécurité pour sécuriser les intervenants, pour 50.000 euros. Malgré cela, la situation a empiré. Habitat 77 réclame désormais l'aide de l'Etat.