Le procès de l’attentat de la rue Copernic, le 3 octobre 1980, lors duquel une bombe a explosé aux abords d'une synagogue le soir de shabbat, s'ouvre ce lundi 3 avril. Quarante-trois ans après, une victime témoigne.
«C’était une vision de guerre, d’apocalypse, de carnage», se souvient Corinne Adler, victime de l’attentat de la rue Copernic du 3 octobre 1980. A l’époque des faits, elle avait 13 ans, et célébrait sa bat-mitsvah dans la synagogue de la rue Copernic, dans le 16e arrondissement de Paris, lorsqu’une bombe a explosé pendant l’office. La verrière de la synagogue s’est alors écroulée sur les quelque 320 fidèles présents.
«On a décidé de sortir de la synagogue. Dans la rue, c’était une vision de guerre, d’apocalypse, de carnage : des voitures en feu, des corps par terre…», raconte-t-elle. Elle assure n’avoir eu aucun suivi psychologique à la suite de cet attentat. «On était sous le choc, et on n’en parlait plus, et la vie reprenait même si on avait des séquelles», affirme-t-elle.
Cette attaque antisémite a fait quatre morts - un étudiant qui passait à moto, le chauffeur d'une fidèle de la synagogue, une journaliste israélienne de passage à Paris, un gardien d'immeuble voisin - et une quarantaine de blessés.
Pendant une dizaine d’années après l’attentat, l’enquête a piétiné sans que la justice ne mette la main sur un suspect. Ce n’est qu’en 1999 que de nouveaux éléments font surface, et que les enquêteurs identifient un suspect : Hassan Diab, homme d’origine libanaise, proche des milieux des combattants palestiniens, qui vit et enseigne la sociologie au Canada. Après une longue bataille judiciaire, Hassan Diab est extradé vers la France en 2014, mais libéré en 2018, faute de preuves.
Il sera finalement jugé aux assises à partir de ce lundi 3 avril. «C’est important que le procès ait lieu. C’est important qu’il existe. Ce n’est pas pensable qu’un attentat terroriste reste sans rien», estime Corinne Adler. Le suspect, Hassan Diab, qui n’a eu de cesse de clamer son innocence, ne sera cependant pas présent au procès.