Les Deux-Sèvres se préparent à une nouvelle manifestation interdite ce samedi contre les «bassines», des réserves d'eau dédiées à l'irrigation agricole, cinq mois après la dernière qui avait donné lieu à des affrontements avec les forces de l'ordre à Sainte-Soline.
Il faut s'attendre à une manifestation violente, a prévenu Gérald Darmanin ce vendredi sur l'antenne de CNEWS. Ce week-end, entre 7.000 et 10.000 militants anti-bassines, dont plus de 1.500 radicaux, sont attendus dans les Deux-Sèvres pour protester contre ces grandes réserves d'eau dédiées à l'irrigation agricole.
Les propos du ministre de l'Intérieur ont été confirmés en milieu de journée par la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, qui a affirmé lors d'un point presse que ce mouvement devrait être «particulièrement violent», évoquant des «saisies importantes d'objets constituant des armes ou des armes par destination» effectuées lors de contrôles en amont de la manifestation.
Une machette, une hache, une serpette et un couteau récupérés par les forces de l'ordre ont été montrés, afin d'en rendre compte.
Objectif de ZAD
La haut fonctionnaire a d'ailleurs adressé un message «aux personnes qui souhaitent braver l'interdiction de manifester et de se rendre sur ce rassemblement interdit». Elle tient à «leur rappeler qu'ils se mettent dans une situation» qui relève d'«une infraction pénale».
#SainteSoline De nombreuses armes découvertes dans le cadre des contrôles routiers dans le secteur de Melle (Deux-Sèvres). La @Gendarmerie est pleinement mobilisée ce week-end pour assurer la sécurité des personnes et des biens face au risque de rassemblements interdits. pic.twitter.com/FywD1rx7bS
— Gendarmerie nationale (@Gendarmerie) March 24, 2023
Les organisateurs du rassemblement ont annoncé de leur côté l'installation d'un campement «à proximité de la zone de manifestation, au nez et à la barbe du dispositif préfectoral et des nombreux contrôles sur zone». Leur but est de créer une ZAD (zone à défendre, NDLR) sur un terrain privé mis à disposition par un agriculteur et qui se trouve hors de la zone d'interdiction de rassemblement et manifestation.
3.200 gendarmes et policiers déployés
A cela s'ajoute la crainte de la venue sur le territoire national d'activistes étrangers, «très violents et formés à la violence» selon la préfète des Deux-Sèvres. Ils seraient originaires de Suisse ou d'Italie. «Les organisateurs (de la manifestation) ont indiqué eux-mêmes qu'ils étaient allés chercher des activistes dans des pays voisins de la France», a précisé Emmanuelle Dubée.
Mais «des contrôles sont effectués en plusieurs points du territoire», a-t-elle ajouté. Ces derniers sont «particulièrement denses et resserrés à proximité» de Sainte-Soline.
Un important dispositif de sécurité a été déployé avec 3.200 gendarmes et policiers tout au long du week-end pour encadrer la manifestation, interdite par les autorités.
Fin octobre, plusieurs milliers de personnes, 4.000 selon les autorités, 7.000 selon les organisateurs, s'étaient rassemblées à Sainte-Soline pour protester contre le chantier d'une retenue d'eau, la deuxième d'un projet qui en compte 16 dans le département. Plus de 1.500 gendarmes avaient alors été déployés et 61 avaient été blessés dont 22 sérieusement, avait assuré à l'époque le ministère de l'Intérieur.