Plusieurs vidéos de jeunes filles incitant à porter le voile en milieu scolaire, ou donnant des techniques pour cacher son vêtement religieux dans son établissement abondent actuellement sur les réseaux sociaux. Ce mouvement intervient alors que l'Éducation nationale dit «surveiller de près» les atteintes à la laïcité.
Des messages politiques. Des dizaines de vidéos circulent sur les réseaux sociaux, dans lesquelles des adolescentes racontent comment elles font pour entrer dans leur établissement scolaire vêtues d'un voile ou de vêtements traditionnels religieux.
Sur TikTok, plusieurs jeunes filles, vêtues de abayas (vêtement religieux) expliquent comment aller au lycée avec cette tunique. «Il suffit de mettre un lacet ou une ceinture, avec un pantalon en dessous pour couvrir vos jambes, comme ça, ils ne peuvent pas vous demander d'enlever votre abaya», dit l'une d'entre elles, alors qu'une autre vidéo montre deux filles (l'une portant un turban et l'autre un voile intégral) se filmant dans une salle de cours, avec en légende le message sous-titré : «On a décidé de se révolter et de mettre le voile en cours».
Face à cette abondance de messages à caractère religieux et politique, le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye a assuré ce vendredi être «attentif à toutes les manifestations et tous les signalements qui peuvent être faits soit sur les réseaux sociaux, soit dans les écoles concernant les atteintes à la laïcité».
Deux notes des services de l'État
Le phénomène a d'ailleurs fait l'objet de deux notes des services de l'Etat. Une première, émanant du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), datée du 27 août et dont le contenu a été détaillé par l'Express, pointait la mise en place de stratégies de la part de la mouvance islamiste, afin de convaincre les jeunes de porter le voile «légiféré» (terme donné à un habit religieux dans l'Islam ndlr).
Cette note précisait également que ces incitations concernent la prière. Ainsi, sur les réseaux sociaux, certains vont jusqu'à conseiller des techniques pour s'isoler dans l'établissement afin de prier. D'autres demandent même de quitter l'école, à l'heure de la prière, estimant que «l'école n'est pas une excuse "légiférée" pour ôter son voile et retarder sa prière».
Les manquements à la laïcité en hausse dans le mileu scolaire
La deuxième note, datée du 16 septembre dernier, revient sur l'année écoulée et tire un constat significatif. Le port des tenues traditionnelles islamiques (Qamis pour les hommes et abayas pour les femmes), est en hausse, selon le document.
Cette note était adressée aux recteurs et, par extension, aux directeurs d'établissement. Car, dans certains cas, des professeurs ayant demandé aux élèves de respecter le principe de laïcité, retrouvent leurs noms sur les réseaux sociaux. Un mode opératoire déjà utilisé, notamment lors de l'assassinat de Samuel Paty.
Récemment, une enseignante a été menacée à Paris, pour avoir demandé à une lycéenne de retirer son voile, et faire respecter la laïcité, imposée par l'école.