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Paris : en immersion dans l'enfer du crack à la Villette (VIDEO)

Depuis environ six semaines, le square de la Porte-de-la-Villette, au nord de Paris, est occupé par plusieurs dizaines de consommateurs de crack. Une des équipes de CNEWS a pu passer plusieurs heures sur place avec ces toxicomanes. Un document exceptionnel, tourné en caméra discrète, au plus près du réel.

A la vue des sacs de vêtements , plusieurs femmes se ruent sur Claire et Stéphanie, deux habitantes d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), lors d'une distribution de vêtements et de café. Les quelques hommes présents sur place demandent s’il est possible d’avoir des sous vêtements, tous réclament désespérément des chaussettes. La pluie a transformé ce square en grand terrain de boue, difficile de ne pas glisser en marchant.

Au centre du parc, plusieurs hommes sont assis sur un muret entre deux gobelets de café. Nous engageons la conversation. La plupart d’entre eux étaient déjà présents en 2018 à la colline du crack, Porte de la chapelle. Il ont suivi les différentes évacuations : Stalingrad, Jardins d’Eole, rue Riquet et ils passent désormais leurs journées dans le square Forceval. A peine une soixantaine dorment sur place, dans des tentes installées le long de la bretelle du périphérique.

DES PARCOURS DE VIE SIMILAIRES

T. nous explique qu’ils vivent à deux dans une tente et se relayent pour la surveiller, à cause des vols, omniprésents. T. prend du crack depuis onze ans, une descente aux enfer qui a commencé par la perte de son emploi, puis par l’expulsion de son logement. Sa femme et ses enfants sont partis et lui a sombré. Il pense parfois à une vie sans drogue. Le camp a ses codes, les toxicomanes se regroupent par communauté, le lieu est devenu un point de deal incontournable de la capitale. Les dealers sont d’ailleurs dans le square, ils nous observent et nous devons être le plus discrets possible d’où le recours à la caméra cachée pour des raisons de sécurité évidentes.

Très peu de femmes sont présentes, et elles se font discrètes. Nous apercevons une jeune femme et lui proposons un pull-over. S. ne vit pas ici, elle a la chance d’avoir une chambre dans un hôtel, obtenue grâce à une association. Elle dit ne pas comprendre ses deux amies qui restent ici et viendrait ici pour les aider.  Un homme s’approche rapidement pour surveiller ce qu’elle nous confie, S. affirme que, heureusement, certains veillent sur elles, les empêchent de voler et de se prostituer. Des propos vite contredits quelques mètres plus loin, par C., un jeune toxicomane, il nous apprend qu’Emma, une jeune femme de 29 ans, a été retrouvée à l’entrée du square, le 28 Octobre, morte d’une overdose. C. est persuadé que c’est un homicide, car Emma aurait refusé de se prostituer. Un homme serait décédé quelques jours avant Emma, il aurait quant à lui été retrouvé dans les toilettes.

«L'impression d'être un animal» 

Nous avançons  à l'intérieur du camp et proposons du café ou du thé à un groupe d’hommes. L’un d'eux nous interpelle en nous demandant si ces conditions de vie sont normales pour des êtres humains. Seules trois toilettes sont installées et six robinets. Il a l’impression «d’être un animal dans un zoo et même les animaux sont mieux traités», un fait accentué par tous ceux qui viennent prendre des photos à la dérobée. «Nous sommes tous nés dans des familles, nous avions des maisons, les gens ne se rendent pas compte, on a été banalisés par la société, si seulement on prenait la peine de parler avec nous». Il reconnaît qu’il y a de la violence et des agressions, mais affirme que cela est le fait de quelques-uns. 

Depuis six semaines et l’évacuation de la rue Riquet, les toxicomanes ont été déplacés dans ce square situé entre la porte de la Villette et les villes d’Aubervilliers et de Pantin. Face à l’insécurité grandissante et à l’insalubrité du camp,  riverains mais aussi toxicomanes dénoncent cette situation. Pour l’heure, aucune solution n’a été proposée par les pouvoirs publics.

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