Au lendemain des déclarations troubles de Jean-Luc Mélenchon, à propos des attentats et «événements gravissimes» précédant les élections, Marine Le Pen a fustigé le candidat (LFI) à la présidentielle en affirmant qu'«il faut être aveugle et sourd pour ne pas voir qu’il est en pleine dérive».
En déplacement en Seine-Maritime pour soutenir Nicolas Bay, tête de liste de son parti aux régionales en Normandie, la présidente du Rassemblement national (RN) tenait dans l'après-midi de ce 7 juin une conférence de presse, quasiment au moment-même où Jean-Luc Mélenchon prenait lui aussi la parole pour lancer sa contre-attaque.
Pour Marine Le Pen, «il est évident que le Jean-Luc Mélenchon de 2017 n’est pas le Jean-Luc Mélenchon de 2021», comme elle l'a dit aux journalistes venus l'interroger. Pour appuyer son propos, la dirigeante du RN a alors rappelé «qu'avant 2017, Jean-Luc Mélenchon disait que l’islamophobie n’existe pas, (mais) aujourd’hui on le voit à la manifestation de la honte avec les organismes islamistes qui hurlent "Allah Akbar" dans nos rues à 200 m du Bataclan».
La singulière évolution de Jean-Luc Mélenchon
Une référence claire à la participation, en novembre 2019, du leader LFI à la manifestation parisienne «contre l'islamophobie», terme retenu pour dénoncer la stigmatisation des Français de confession musulmane et les «lois liberticides» qui viseraient les musulmans. Un rassemblement qui avait notamment été organisé par le NPA et le CCIF, ce dernier étant aujourd'hui dissous.
A l'époque, plusieurs observateurs avait déjà relevé la singulière évolution de Jean-Luc Mélenchon qui quatre ans plus tôt, tout juste après les attentats du 13-Novembre, à Paris, avait lancé : «Je conteste le terme d'islamophobie, quoique je le comprenne. Ce sont les musulmans qui pensent qu'on leur en veut parce qu'ils sont musulmans. Moi, je défends l'idée qu'on a le droit de ne pas aimer l'islam, on a le droit de ne pas aimer la religion catholique et que cela fait partie de nos libertés.»
Or, selon Marine Le Pen, on voit désormais l'insoumis en chef «défendre l’indigénisme, le racialisme, s’attaquer dans des termes extrêmement violents à la police, à l’armée, et aujourd’hui venir expliquer que le pouvoir politique organise des assassinats pour stigmatiser les musulmans». Raison pour laquelle elle se demande à présent : «Honnêtement, si ce n’est pas une dérive c’est quoi ?».
De son côté, empêtré dans une polémique qui a beaucoup de mal à retomber encore ce soir, Jean-Luc Mélenchon a décidé de se défendre. Cet après-midi, il a notamment annoncé le dépôt d’une plainte après la diffusion d’une vidéo simulant le meurtre d’un électeur de LFI par le youtubeur Papacito.
Invitée ce lundi matin dans la matinale de CNEWS, pour l'interview de Laurence Ferrari, la tête de liste LFI aux régionales en Ile-de-France, Clémentine Autain, avait elle dès le départ assuré que le chef de file du parti «n’est pas complotiste» et visait par ses propos qui ont semé le trouble «l’extrême droite».
En somme, des propos volontairement (ou non) mal compris et / ou déformés donc. Mais dans la dernière ligne droite des régionales et des départementales, et surtout à moins d'un an d'une présidentielle plus que jamais majeure, les électeurs sont les seuls habilités à se placer en juges de paix. Et pour ce qui est des rêves d'unité à gauche, il faudra vraisemblablement repasser.