Le procès du producteur de cinéma Harvey Weinstein, accusé de multiples agressions sexuelles, s'est ouvert lundi 6 janvier à Manhattan. Un rendez-vous crucial pour le mouvement #MeToo qui, après avoir fait chuter de nombreux hommes de pouvoir, espère voir Harvey Weinstein condamné à la perpétuité. Si la parole s’est libérée, la justice tarde pour l’instant à porter ses fruits face aux accusations d’attouchements ou d’agressions sexuelles.
Car si depuis 2017 #MeToo a fait tomber de nombreux hommes de pouvoir, la quasi-totalité a échappé à des poursuites pénales. Le seul autre procès en vue concerne le chanteur R. Kelly, inculpé l'an dernier d'agressions sexuelles sur des jeunes femmes, parfois mineures. L'acteur américain Bill Cosby a été condamné en septembre 2018 à trois ans de prison minimum, mais les poursuites avaient commencé avant l'affaire Weinstein.
Sur plus de 80 témoignages de femmes contre Harvey Weinstein, seulement deux seront représentées à New York lors du procès. Le reste s’est souvent réglé à coup de millions de dollars.
Autre cas, celui de Kevin Spacey, accusé d’attouchements et d’agressions sexuelles par des dizaines d’apprentis acteur. Aujourd’hui, trois de ses accusateurs se sont suicidés. D’autres ne sont pas allés plus loin que de simples accusations par voie de presse. Résultat, il n’y a officiellement plus de plainte, plus d’accusation, contre l’acteur américain.
Woody Allen, accusé d’agression sexuelle par sa fille adoptive alors qu’elle avait 7 ans, n’a jamais été inquiété par la justice. Faute de preuve, cette dernière a abandonné les accusations contre le réalisateur après deux enquêtes distinctes.
La parole libérée
Enfin, Steven Seagal, ancienne gloire du cinéma d’action aux Etats-Unis, accusé de viol et de harcèlement lors d’auditions qu’il faisait passer, n’a lui non plus jamais été inquiété. Les affaires étaient trop vieilles et le délai de prescription était dépassé.
Si le mouvement #MeToo a permis la libération de la parole et a permis de montrer aux yeux du monde entier les prédateurs sexuels, mettant ainsi fin à l’impunité à Hollywood, la justice tarde pour l’heure à suivre la vague déclenchée par #MeToo.