Grand espoir du tennis français, Caroline Garcia a l'occasion de franchir un nouveau palier en confirmant son potentiel à Roland-Garros qui débute dimanche, malgré un premier tour ardu où elle affrontera Ana Ivanovic, victorieuse du tournoi en 2008.
Pour la Tricolore la plus en forme du moment, les Internationaux de France ravivent un bon souvenir. C'est à la Porte d'Auteuil qu'elle s'était fait connaître du grand public il y a trois ans, le temps d'une partie épique face à la star russe Maria Sharapova.
Complètement décomplexée, la jeune Garcia, 17 ans à l'époque, avait livré près de deux sets de toute beauté, multipliant les coups droits imprévisibles et se battant sur tous les points pour le plus grand bonheur du public parisien.
Victorieuse de la première manche, elle avait servi pour mener 5-1 dans la deuxième avant de s'écrouler sous l'expérience et surtout la puissance de la tsarine (6-3, 4-6, 0-6), qui allait rejoindre les demi-finales cette année-là.
Bluffé, l'Ecossais Andy Murray, qui avait assisté au début de la rencontre, avait aussitôt prédit un grand avenir à la jeune pousse française: "Sharapova est en train de jouer contre la future N.1 mondiale, Caroline Garcia ! Quelle joueuse. Première fois que j’entends parler d’elle", avait-il commenté sur Twitter.
Après ce match, le retour sur terre a été difficile pour la Lyonnaise, qui n'a véritablement lancé sa carrière que cette année, en remportant son premier titre, en avril à Bogota, et en atteignant son meilleur classement (46e mondiale).
"Contre Sharapova, elle était proche de son niveau maximal. Son tennis était déjà là mais elle n'avait pas encore le potentiel pour gérer l'après, c'est à dire un parcours professionnel, comme savent le faire des Sharapova, des Victoria Azarenka ou des Agnieszka Radwanska", analyse son père et entraîneur Louis-Paul Garcia.
En début de saison, la droitière au jeu fougueux a traversé une bien mauvaise passe. Ecartée dès le premier tour de l'Open d'Australie par une joueuse issue des qualifications, elle a enchaîné avec deux autres éliminations dès son entrée en lice à Paris-Coubertin puis à Doha.
- Déclic à Acapulco -
"Elle avait fait une bonne préparation mais n'était pas dans les meilleurs dispositions mentales. Du coup, elle a été extrêmement déçue à Melbourne. On a discuté à propos des objectifs, appliqué des principes, avec davantage de rigueur pour que son talent s'exprime", explique son père.
Le "déclic" intervient fin février à Acapulco, où elle atteint les demi-finales. En mars, elle prend un set à la N.1 mondiale Serena Williams au troisième tour du tournoi de Miami, puis vient l'heure de son premier succès en Colombie en avril.
Dans le sillage de ce premier titre, Caroline Garcia a fait quasiment à elle seule remonter la France dans l'élite de la Fed Cup en remportant ses deux simples aux Etats-Unis. Puis elle a poursuivi avec deux quarts de finale, à Madrid, où elle a battu notamment Angelique Kerber (9e) et Sara Errani (11e), et à Nuremberg.
Pas gâtée par le tirage à Roland-Garros, elle devra élever encore son niveau de jeu pour franchir l'obstacle Ivanovic. La Serbe, 12e mondiale, semble revenir au premier plan après d'excellents résultats ces dernières semaines, entre autres une demi-finale à Rome et une finale à Stuttgart.
"Mais Caroline est capable de le faire, estime le directeur technique national", Arnaud di Pasquale. "Elle a vraiment franchi un cap et arrive dans les conditions idéales pour faire un très bon Roland."