En 1977, lorsque le robot R2D2 projetait une vidéo en 3D, il ne s'agissait encore que de science-fiction. Regarder un film surgissant de son téléphone ou sa montre sera peut-être une réalité dans quelques années grâce à un nouveau procédé dévoilé par des chercheurs américains.
Si dans "La Guerre des Etoiles", le robot inventé par George Lucas utilise un hologramme, le prototype présenté mercredi se contente d'un simple écran plat rétro-éclairé.
Destinée spécialement aux appareils portatifs, cette trouvaille repose sur l'optique diffractive, qui permet, sans lunettes spéciales, de donner l'impression de relief sur un grand angle de vision, même si l'écran est incliné.
"Contrairement à bon nombre de technologies actuelles qui n'offrent la 3D que sur un plan horizontal, c'est-à-dire lorsque vous vous déplacez de gauche à droite, ce dont nous parlons permet une 3D complète", sous tous les angles, a déclaré David Fattal, à la tête de l'équipe de chercheurs du laboratoire Hewlett-Packard de Palo Alto (Etats-Unis).
"Par exemple, si vous projetiez une image en relief de la planète Terre avec le Pôle Nord en plein milieu de l'écran, vous pourriez voir n'importe quel pays du globe en tournant la tête tout autour de l'image", a-t-il expliqué lors d'un point de presse retransmis sur internet.
Selon l'étude publiée par le chercheur dans la revue britannique Nature, l'optique diffractive permet de relever le défi posé à la 3D par l'anatomie humaine.
Nous voyons en effet le monde en stéréoscopie, autrement dit nos deux yeux, séparés en moyenne de 6,3 cm, perçoivent des images très légèrement différentes. Et c'est notre cerveau qui combine ensuite ces deux images pour en former une seule en trois dimensions.
Avec un écran classique, en 2D, nos deux yeux reçoivent la même image, où que nous nous trouvions face à lui.
Pour produire une impression de relief, un appareil 3D doit présenter une image différente à chaque oeil (les borgnes en sont malheureusement privés).
Au cinéma ou pour la plupart des téléviseurs en relief, la technique passe généralement par une paire de lunettes spéciales, actives ou passives, qui permettent de diffuser des images différentes à chacun des yeux.
Les technologies sans lunettes doivent intégrer dans l'écran lui-même un dispositif contrôlant la trajectoire des images, afin de servir chaque oeil indépendamment de l'autre. Certains téléviseurs et consoles de jeu emploient une sorte de barrière, une lentille ultra-fine. Mais ils pâtissent souvent d'un angle de vision restreint et nécessitent d'être placé à une certaine distance de l'écran pour bénéficier de la 3D.
La technique mise au point par David Fattal et son équipe repose sur un écran transparent et rétro-éclairé dont les diodes elles-mêmes ont été gravées au niveau microscopique afin de diffuser la lumière dans différentes directions. Vus dans leur ensemble, ces pixels individuels composent les images envoyées à chaque globe oculaire.
Le prototype présenté mercredi offre une impression de relief sur 90 degrés, jusqu'à un mètre de distance, et dans 14 angles de vue différents. Ses inventeurs croient possible de proposer à l'avenir jusqu'à 64 angles de vue distincts, ce qui reviendrait de fait à éliminer tout angle mort sur 180 degrés.