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Quai 54 : Kadour Ziani, une vie sauvée par le dunk

Le dunkeur de Saint-Dizier se consacre désormais à la nouvelle génération. [Benur Films]

Membre du jury du concours de dunks du Quai 54, qui s’est déroulé le 1er juillet à Paris, Kadour Ziani possède un parcours complexe. Portrait d’un homme qui s’est sauvé la vie par la pratique du dunk, avant d’en devenir une icône mondiale.

À chaque édition du Quai 54, c’est l’une des personnalités majeures du tournoi. Pourtant, Kadour Ziani ne s’y met pas en avant en jouant et se retrouve entouré par les meilleurs joueurs de basket au monde. Au cours de cet événement incontournable du basketball de rue, qui se tient annuellement à Paris, celui qui est surnommé «Zianimal» est respecté par tous ceux qu’il considère «de sa famille», celle du Quai 54.

Un respect qui tient à cœur au dunkeur de légende et qu’il voit comme une récompense après des décennies de travail et de perfectionnement. «Je prends les choses vraiment à cœur, ce sont toutes ces années de travail qui sont récompensées», nous explique-t-il. Mais avant d’arriver à une telle reconnaissance dans un milieu fermé et très peu connu du grand public, le «Dunkfather» a connu un parcours semé d’embuches qu’il évoque notamment dans le documentaire de Canal + qui lui est dédié, «Dunk or Die».

Un simple geste pour échapper à la délinquance

Originaire de Saint-Dizier (Haute-Marne), le jeune Kadour Ziani grandit dans la cité du Vert Bois, au sein d’une grande famille, mais frôle la délinquance. Pour tenter de s’en sortir, le Champenois peut compter sur l’appel du ballon : d’abord celui des terrains de football, en tant que gardien de but, puis celui des parquets de basket. Le déclencheur de cet amour pour le basketball ? Le visionnage de cassettes VHS des meilleures actions de la NBA, en 1989.

Un coup de foudre qui lui permet de découvrir les dunks athlétiques de celui qui deviendra son idole, Michael Jordan, mais également de fuir les soucis du quotidien en se mettant à dunker. «Le dunk, ça m'a permis de tout fuir. Quand tu grandis dans un environnement, tu es le produit de ce même environnement. Sans cette pratique, j'aurais sûrement développé les instincts pour tuer. Je me faisais mal en pratiquant le dunk, mais j'enlevais toute ma frustration. C'était un échappatoire de ma jeunesse», explique-t-il.

Malgré une taille moyenne, le jeune Kadour Ziani travaille sa détente et ses acrobaties pour continuer de s’en sortir : «Quand j'ai compris que le dunk pouvait me permettre de m'échapper de la délinquance, c'est là que ça m'a sauvé la vie. Cela m'a permis d'exister et de me donner un but».

Une reconnaissance acquise face aux plus grands

Après des années de travail, celui qui n’est pas encore la légende actuelle du dunk impressionne le monde entier en 1994, en sautant depuis la ligne des lancers francs et en claquant le ballon dans le panier devant Kareem Abdul-Jabbar, George Eddy et d’autres grands noms du basketball.

Il réitère une performance historique par la suite en 1996, lors d'un concours à Orchies (Nord). Un moment qui mène par la suite à la création de la Slam Nation, un collectif de spécialistes du dunk, dont fait partie Kadour Ziani. Avec son collectif, l'enfant de Saint-Dizier parcourt le monde : de la côte Ouest des États-Unis à Taïwan, en passant par le continent européen, le spécialiste du dunk maltraite les paniers du monde entier, devant des milliers de spectateurs, tout en mêlant grâce et puissance.

Après de nombreuses années passées à survoler les raquettes des terrains de basket, le Champenois se consacre désormais à la transmission de son savoir à la nouvelle génération. «Le dunk est devenu un phénomène sociologique, c'est devenu un vrai langage pour avoir un rapport avec le monde. C'est un style de vie à adopter et il donne à une certaine jeunesse une façon d'exister, de s'accomplir, de voler dans son coin, un peu comme les skaters», estime l’intéressé.

Un mode de vie jusqu'à la fin

À bientôt 50 ans, le «Dunkfather» continue d’impressionner par sa détente fulgurante, et ce, malgré une rupture au tendon d’Achille survenue en 2020. «Il y en a à 21 ans qui ne s'en remettent plus», précise-t-il. Désormais, la légende de la spécialité voit les choses avec philosophie.

«La vieillesse, ça n'arrive qu'à celui qui refuse de rester jeune. Être vieux, c'est une décision», dit-il en souriant. Pour lui, le dunk, ça sera jusqu’à la mort. «Et après, quand j’aurai tiré le truc jusqu’à l’os, tu pourras me jeter à la poubelle». Toute un principe de vie, comme il aime l’expliquer.

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