Sans la pandémie de coronavirus, Romain Bardet ne serait pas présent sur les routes du Tour de France. Le Français avait décidé de faire l’impasse pour se focaliser sur le Tour d’Italie. Mais la crise sanitaire a bouleversé ses plans et, après le premier tiers de la Grand Boucle, il est, avec Guillaume Martin, le Tricolore le mieux placé au général.
Au moment d’aborder ce Tour 2020, le leader AG2R-La Mondiale ne voulait pas entendre parler de victoire finale. Une ambition qui aurait pourtant été légitime après être monté sur la deuxième marche du podium en 2016 et avoir terminé à la 3e place l’année suivante. Mais les désillusions lors des deux dernières éditions, malgré le maillot de meilleur grimpeur ramené sur les Champs-Elysées l’an passé, l’ont poussé à ne plus tirer de plan sur la comète. «Cette année, l’objectif principal pour moi n’est pas le classement général. Je vais profiter du profil agressif du Tour de France pour être davantage offensif et ne pas rester focalisé à attendre pour le classement général», avait-il confié avant le départ de Nice.
Son principal objectif était d’accrocher une 4e victoire d’étape, alors que la dernière remonte à 2017 à Peyragudes. «Un Tour de France réussi, ce serait de gagner une étape», avait-il lancé. Avec en prime pourquoi pas revêtir le maillot jaune. Un petit plaisir qui fait défaut à sa carrière. «Il faudra trouver un juste milieu pour être ni trop près ni trop loin au général et rester dans le jeu pour jouer ce maillot jaune, avait déclaré Bardet. Je ne l’ai jamais porté et je pense qu’avec le profil de cette année il y aura des occasions.»
Comme dimanche, lors de la 9e étape. Distancé dans le col de Marie Blanque, il a été tout proche de revenir sur la tête pour se mêler à la lutte pour la victoire, sans y parvenir. «J’avais les jambes pour basculer avec les tout meilleurs de ce Tour de France. C’est rageant ! (…) C’est une belle occasion manquée pour une victoire d’étape», a-t-il pesté à l’arrivée à Laruns, où il a dû se contenter de la 8e place.
quatrième du général à 30 secondes de roglic
Mais s’il a franchi la ligne avec 11 secondes de retard sur Tadej Pogacar, Bardet, libéré de toute pression, a démontré qu’il pouvait batailler pour le maillot jaune et viser plus qu’une simple victoire d’étape. Il suffit de regarder le classement pour s’en convaincre. Avant d’aborder la deuxième semaine, l’Auvergnat occupe la 4e place d’un général ultra serré, avec les sept premiers qui se tiennent en moins de 45 secondes, à une demi-minute du leader Primoz Roglic.
Et son état de forme affiché depuis le départ, malgré une chute lors de la 8e étape, prouve qu’il peut avoir son mot à dire. «J’ai un niveau que je n’ai jamais eu par le passé et la forme est très bonne», a d’ailleurs affirmé Romain Bardet, qui porte désormais, avec Guillaume Martin, les espoirs tricolores après la terrible défaillance de Thibaut Pinot (24e à 28'32'').
Mais sa ligne de conduite n’a pas changé. Le Français reste focalisé sur son objectif initial et préfère rester tranquillement dans l’ombre. D’autant qu’il estime que le Slovène, qui a fait forte impression, est déjà hors de portée pour espérer gagner le Tour. «Je ne vois pas comment reprendre 30 secondes à Roglic, à part un miracle, a-t-il lâché. Je ne suis pas l’un des tout premiers à être surveillé mais je ne m’attends pas à des largesses. Il a la course bien en main. (…) Si la hiérarchie sportive reste ce qu’elle est, ce sera compliqué. A la pédale, Roglic est au-dessus.»
Et d’ajouter : «Je suis réaliste. Il y a des coureurs qui sont beaucoup plus forts que moi», faisant référence au porteur du maillot jaune mais également au vainqueur sortant Egan Bernal, Tadej Pogacar, Nairo Quintina ou encore Rigoberto Uran. Un match Slovénie-Colombie que Romain Bardet pourrait venir arbitrer…