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Le foot français planche sur sa gouvernance, conscient de l'urgence

La présidente de la LFP Nathalie Boy de la Tour et le directeur exécutif Didier Quillot, lors d'un point presse à Paris, le 11 mars 2020 [FRANCK FIFE / AFP/Archives] La présidente de la LFP Nathalie Boy de la Tour et le directeur exécutif Didier Quillot, lors d'un point presse à Paris, le 11 mars 2020 [FRANCK FIFE / AFP/Archives]

Miné pas les désaccords, souvent inaudible et rongé par les lenteurs administratives, le football professionnel français sort de la crise du coronavirus chargé de questionnements et convaincu qu'une refonte de sa gouvernance est urgente. Des projets de réforme émergent, suscitant espoirs mais aussi inquiétudes.

La gouvernance devait être le maître mot de l'année 2020 dans les instances du football, avec une réforme espérée d'ici au renouvellement des dirigeants de la Ligue (LFP), a priori prévu en novembre.

Mais la pandémie a bouleversé le calendrier, attisé les egos et ravivé les luttes de pouvoir, entre passes d'armes sur l'arrêt de la saison et recours devant les tribunaux. Elle a surtout rendu criantes certaines failles.

«Vous avez 40 patrons, des intérêts différents et un système de communication où chacun donne son avis. Ce qu'on a vécu ces derniers temps a montré ces dysfonctionnements. On a eu là le paroxysme de tout ce qu'on n'aurait pas voulu montrer», pointe Jean-Pierre Caillot, président de Reims.

«On ne peut pas continuer sur une gouvernance de ce type-là, où l'on n'est pas écouté, car à la fin on paye l'addition», renchérit Bernard Caïazzo, le président de Première Ligue, le syndicat des clubs de Ligue 1.

Simplifier...

Comment réformer les instances ? Une notion revient en permanence: la «simplification».

La présidente de la LFP Nathalie Boy de la Tour (g), lors d'une réunion avec les ministres Laurent Nunez et Roxana Maracineanu (d) sur la gestion des supporters du football, le 8 juin 2020 à Paris [Anne-Christine POUJOULAT / AFP/Archives]
La présidente de la LFP Nathalie Boy de la Tour (g), lors d'une réunion avec les ministres Laurent Nunez et Roxana Maracineanu (d) sur la gestion des supporters du football, le 8 juin 2020 à Paris

Le casse-tête est réel: pour plusieurs décisions ces dernières semaines, il a fallu successivement réunir le Collège des clubs de L1, celui de L2, le Bureau de la Ligue, son Conseil d'administration, son Assemblée, le Comité exécutif de la Fédération et l'Assemblée de celle-ci. Sur la répartition des droits TV entre L1 et L2, un groupe de conciliation supplémentaire a dû voir le jour ! Et ce, sans compter certains recours juridiques ayant rembobiné le processus à zéro...

«On voit bien qu'il y a trop d'aller-retours pour aboutir aux mêmes décisions. Les avocats sont très contents, mais je pense qu'il faudra réfléchir à un système permettant d'être plus cohérent et plus court», constate Noël Le Graët, le président de la FFF, qui avoue avoir souvent dû «essayer de calmer» certaines prises de positions.

Durant toute l'année 2019, la Ligue, les clubs et les familles (représentants des joueurs, entraîneurs, etc) avaient déjà entamé la grande réflexion.

 ... sans froisser

Plusieurs pistes avaient été adoptées par les clubs en décembre, et proposées aux instances, selon différents acteurs: une réforme du mode de désignation des représentants des clubs au Conseil d'administration de la Ligue - «la L1 décide pour la L1, la L2 pour la L2», explique un dirigeant -, la fin de l'éparpillement des pouvoirs entre la présidente de la Ligue (Nathalie Boy de la Tour) et son directeur général exécutif (Didier Quillot) avec un PDG unique, et la réduction du nombre de membres du Conseil d'administration, jugé peu agile» dans son format actuel à 25 administrateurs.

Si ces propositions semblent convaincre bon nombre de dirigeants, ce dernier point fait néanmoins grincer du côté des familles.

«Simplifier en se disant qu'il faut écarter les familles parce que cela fait trop de monde, ce n'est pas possible», martèle Raymond Domenech, président de l'Unecatef, le syndicat des entraîneurs. «Les familles n'ont jamais empêché les clubs de prendre leurs décisions. C'est un faux débat qui veut masquer les rivalités entre clubs, qui rendent la Ligue incapable de parler d'une voix commune».

Une société commerciale ?

Le président lyonnais Jean-Michel Aulas au sortir du Conseil d'Etat où se tenait le procès contre la LFP, le 4 juin 2020 [FRANCK FIFE / AFP/Archives]
Le président lyonnais Jean-Michel Aulas au sortir du Conseil d'Etat où se tenait le procès contre la LFP, le 4 juin 2020

Certains dirigeants comme à Lyon, Paris ou Saint-Etienne veulent même aller plus loin et créer une société commerciale administrée par les vingt clubs de Ligue 1, qui gérerait toutes les activités économiques du foot pro, comme la commercialisation des droits TV, en laissant la partie régalienne à la charge de la Fédération.

«Cela donnerait de la crédibilité aux clubs, qui font l'économie du football», appuie un dirigeant favorable à ce système à l'anglaise.

«Un autre modèle, à l'allemande, impliquerait plutôt la création d'une filiale de la Ligue. Cela serait possible actuellement législativement, au contraire du modèle anglais», prolonge une source proche des instances.

Si Noël Le Graët s'est dit a priori «pas opposé» à cette proposition, des réticences existent dans les deux divisions.

Un acteur important de la L2 s'inquiète: «Il y a une idée, mais pas de fond. On sent qu'il y a une volonté de certains gros clubs de créer un chaos pour pouvoir dire +ça ne marche pas».

«Ceux qui appellent à une réforme en vue d'une société commerciale sont souvent ceux qui n'arrivent pas à se mettre d'accord», poursuit une autre source proche des instances.

«Pourquoi pas?», hésite de son côté Jean-Pierre Caillot. «Mais la Ligue ne doit pas devenir le monopole de trois ou quatre mastodontes qui nous expliquent que ce sont eux qui font le football, car ce n'est pas vrai».

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