Le 5 mai 1992, une tribune du stade de Furiani en Corse s'est effondrée, provoquant le lourd bilan de 18 morts et plus de 2.300 blessés. Pour la première fois depuis le drame, une proposition de loi est au menu de l'Assemblée ce jeudi 13 février pour «geler les matchs» à cette date, en hommage aux victimes de la catastrophe.
Plus de 25 ans après l'effondrement de la partie haute d'une tribune provisoire, avant le coup d'envoi de la demi-finale de Coupe de France entre Bastia et l'Olympique de Marseille, le débat est récurrent dans le football français.
Pourquoi est-ce à la politique de trancher ?
Le collectif des victimes et leurs familles réclame depuis des années l'interdiction des matchs le 5 mai. Réticentes, la Ligue et de la Fédération, gênées dans l'organisation de leurs compétitions, ont toujours privilégié des gestes ou des cérémonies d'hommages.
Suite à une proposition de loi du député de Haute-Corse Michel Castellani, le sujet va être discuté dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. La loi a déjà été adoptée en commission, avec le soutien de la majorité, et va être examinée jeudi dans le cadre de la «niche» des élus Libertés et Territoires, journée réservée à un groupe parlementaire pour présenter ses textes.
Et elle a de fortes chances d'être adoptée, car les «marcheurs» ont confirmé mardi qu'ils étaient «favorables» à la mesure. S'il est voté, le texte serait ensuite examiné par le Sénat. Mais un membre du gouvernement s'interroge: «ça peut devenir compliqué, car est-ce que la Ligue va suivre ?» et «est-ce qu'il faut interdire les activités pour d'autres anniversaires?».
«On est vraiment face à un mur. Du coup, le politique s'immisce dans le sportif. C'est regrettable mais les instances du football n'ont pas pris leurs responsabilités», considère la présidente du «Collectif des victimes du 5 mai 1992», Josépha Guidicelli, qui devrait assister aux débats jeudi à l'Assemblée.
Quelles compétitions sont concernées ?
La proposition de loi prévoit de modifier le code du sport pour «qu'aucune rencontre ou manifestation sportive» de Ligue 1, de Ligue 2, de Coupe de France et du Trophée des Champions ne soit jouée le 5 mai.
«Dans l'émotion immédiate après la catastrophe, (le président de la République d'alors) François Mitterrand avait dit qu'aucun match ne serait joué à cette date, mais depuis la vie a repris son cours», déplore le député Michel Castellani.
En juillet 2015, le ministère des Sports avait décidé qu'aucun match de football ne serait joué en France à chaque fois que le 5 mai tomberait un samedi. Cette «avancée intéressante» est «insuffisante pour les familles», estime M. Castellani.
Que proposent les instances sportives ?
Elles se disent prêtes à étendre les hommages existants, mais sans interdire les matchs. Elles soulignent leur attachement à l'accord de 2015, conclu avec Thierry Braillard, alors secrétaire d'Etat aux Sports : le gel des matchs les samedis 5 mai seulement et, dans les autres cas, des hommages aux victimes sous forme de minutes de silence, brassards noirs ou applaudissements
La Ligue de football professionnel (LFP) plaide ainsi pour une «alternative» à la proposition de loi, avec «une commémoration renforcée sur tous les terrains de France». «Chacun peut légitimement avoir une conviction sur la juste manière d'honorer la mémoire des victimes d'un tel drame. En tout état de cause, il reviendra à la représentation nationale de trancher», a fait savoir la LFP.