Les handballeuses françaises ont subi leur pire échec depuis plus de vingt ans en perdant leur titre dès le premier tour du Mondial vendredi à Kumamoto. Faut-il pour autant s'inquiéter pour leur grande ambition, la médaille d'or aux Jeux olympiques de Tokyo ?
Une équipe méconnaissable
Maladroite, inefficace au tir, incapable de réagir dans l'adversité, l'équipe de France, battue par la Corée (29-27) et le Danemark (20-18) et tenue en échec par le Brésil (19-19), a montré «un visage totalement différent de celui des deux précédentes compétitions», reconnaît l'arrière Alexandra Lacrabère, championne du monde en 2017 et d'Europe en 2018.
Trou d'air inévitable
Reste à savoir pourquoi. Une évidence d'abord: la baisse de régime devait arriver à un moment ou à un autre. Or la France restait sur une série déjà longue de quatre médailles d'affilée (argent aux JO-2016, bronze à l'Euro-2016 et or au Mondial-2017 et à l'Euro-2018). «On ne peut pas fixer le soleil trop longtemps», a souligné le sélectionneur Olivier Krumbholz.
Mentalement difficile à aborder
Coincé entre deux compétitions gagnées et l'objectif olympique, ce Mondial était difficile à aborder mentalement pour les Françaises, déjà qualifiées pour Tokyo contrairement à leurs rivales. Elles avaient bien sûr envie de bien faire, mais «entre avoir envie et mettre sur le terrain ce qu'il faut d'énergie pour gagner, il y a beaucoup de différence», avait prévenu l'arrière Estelle Nzé-Minko avant le match décisif perdu vendredi contre le Danemark. «C'est un élément déterminant auquel on n'a pas voulu faire face. La motivation de l'équipe n'était pas à la hauteur de celle des autres équipes», admet Krumbholz.
Un échec d'une ampleur inattendu
On se doutait donc que les Bleues auraient du mal à conserver leur titre. Mais de là à quitter le tournoi dès le premier tour ! «On était très haut ces deux dernières années et là on est tombées très bas !», reconnaît Alexandra Lacrabère. Le jeu français s'est délité à un point qu'on n'imaginait pas non plus. «Ce n'est pas tellement l'échec qui nous pose problème, c'est la manière, le fait qu'on n'ait pas réussi à s'exprimer et à dérouler notre jeu, à être à notre niveau tout simplement», souligne l'ailière Manon Houette.
Les joueuses majeures doivent réagir
Pour renverser la tendance, les éléments-clefs de l'équipe doivent retrouver leur influence, notamment Estelle Nzé-Minko, la meilleure joueuse de l'Euro-2018, qui n'était pas au mieux au Japon, mais aussi Grâce Zaadi, l'organisatrice, moins brillante que lors des triomphes des deux années précédentes. Il faut espérer aussi un coup de pouce de la chance qui lui permettrait d'être au complet. La gardienne Amandine Leynaud, la meilleure Française du Mondial, était un peu seule au Japon sans sa doublure Laura Glauser (blessée au genou).
Rester solidaires
Malgré la déception, les joueuses doivent «rester groupées, c'est le point le plus important», estime Manon Houette. Après le dernier échec en date, à l'Euro-2015 (défaite en quarts), un conflit avait éclaté entre le sélectionneur de l'époque, Alain Portes, et certaines joueuses. Cette crise avait provoqué le retour aux affaires d'Olivier Krumbholz. «Je n'ai pas le sentiment qu'on va se désolidariser, bien au contraire», assure la Messine avant les deux matchs de classement (13e à 16e place) bien peu exaltants que les Bleues devront jouer dimanche contre l'Angola et lundi (en cas de victoire) face à la Hongrie ou à l'Argentine.
Des choix à faire
Pour Tokyo, Olivier Krumbholz va avoir des choix d'autant plus difficiles à faire qu'aux Jeux le groupe n'est que de quatorze joueuses contre seize au Mondial. «La peine de l'une n'est pas supérieure à la peine de l'autre et il n'y a pas de privilèges», dit le sélectionneur, qui l'a montré en écartant pendant le tournoi Camille Ayglon, la plus capée de toutes, au profit de Gnonsiane Niombla. «Anciennes ou nouvelles, la pression est là pour toutes. A nous de lui faciliter la décision en étant au top», dit Alexandra Lacrabère, l'une des plus expérimentées.