Qualifiée pour la demi-finale des JO de Tokyo, Romane Dicko est considérée comme l'une des futures reines du judo (+78 kg). Portrait.
Attention, prodige droit devant. Si les éloges ne cessent de pleuvoir autour d'elle, la jeune femme de 21 ans ne se laisse absolument pas distraire. Bien au contraire. La native de Clamart garde la tête sur les épaules. Lors d'une rencontre de septembre 2019 lors d'une «rentrée des classes» à l'Insep, la judokate apparaissait très «cool et insouciante». Reste que sur les tatamis, et ses adversaires ont commencé à le comprendre, Romane Dicko est une personne à prendre très au sérieux.
Cette ancienne nageuse de niveau régional, arrivée sur le tard au judo (12 ans), à la fois drôle et attachante, est une véritable bouffée d’oxygène, qui sort de l’ordinaire. Considérée comme la future patronne de sa catégorie (+78 kg), Romane Dicko (1,80m pour 98kg) impressionne depuis toujours.
Celle qui a fait ses débuts au club de Villeneuve-le-Roi avait marqué les esprits en étant sacrée championne de France de judo en 2016, alors qu’elle n’était que cadette, et surtout, qu’elle n’était pas encore ceinture noire. Rien d’étonnant alors de la voir championne d’Europe des lourdes (+78kg) à Tel-Aviv deux ans plus tard. A titre de comparaison, Teddy Riner décrochait son premier titre continental au même âge. Mais la comparaison s’arrête là car la cousine de l'ancien champion du monde du triple saut Teddy Tamgho compte bien se faire son propre nom et son propre palmarès, «même si évidemment ce sont des exemples à suivre.»
Si je vais aux Jeux, ce n'est pas pour faire de la figuration
Lors de notre rencontre avec la licenciée du PSG Judo, qui s’est ajoutée comme titre le Grand Prix de Tel Aviv (2020, le Grand Slam de Paris (2020) et le Masters mondial de judo, nous confié son objectif de glaner l'or olympique. «C’est la compétition ultime, il n’y a rien au-dessus, c’est le Graal, il faut être là au bon moment», lançait-elle. Et lorsqu’on lui demande quel est son objectif pour ses premiers Jeux, Romane ne se cache pas. «Je m’entraine pour être championne, il n’y a pas d’âge pour ça, coupe-t-elle. Si je vais aux Jeux ce n’est pas pour faire de la figuration.» Évidemment, Romane Dicko, qui aime prendre exemple sur les «plus grandes» (Clarisse Agbegnenou, Audrey Tcheuméo, Madeleine Malonga), est ambitieuse mais garde les pieds sur terre.
En tout cas, elle marque les esprits et non des moindres. «Elle a un caractère exceptionnel qui fait qu’elle ne doute pas. Je la vois déterminée pour ces Jeux olympiques de Tokyo, a confié Teddy Riner, son partenaire au PSG. Je ne vois pas qui peut la battre et je crois qu’elle va marquer le judo français et le judo international pour longtemps. On est de tout cœur avec elle et normalement, le 30 juillet, il y aura une belle Marseillaise de son côté.»
Une précocité incroyable qui force évidemment le respect. La judoka, qui préparait d'ailleurs à l'époque une licence en physique-chimie car «on ne sait jamais ce qu’il peut arriver alors mieux vaut préparer l’avenir», a l'occasion de frapper à la porte des plus grands dès son plus jeune âge. Et dans le pays du judo. Ca tombe bien, elle n'a pas froid aux yeux.