Une réunion qui s'annonce tendue. Alors que la Ligue de Football Professionnel avait appelé à une discussion entre les mouvements de lutte contre l'homophobie et les fans le 11 septembre, la principale organisation représentant ces derniers, l'Association Nationale des Supporters (ANS), a rejeté l'invitation la veille de l'événement.
L'objectif du rassemblement était de trouver des solutions contre l'homophobie dans les stades, alors que la mesure d'interruption des matchs en cas de chants ou banderoles homophobes ou injurieuses fait polémique depuis la reprise des championnats de France.
«Soit nous discutons de toutes les discriminations, soit nous ne discutons de rien», exprime un communiqué de l'ANS. Par ces mots, l'organisme fait notamment référence aux interdictions de déplacements des supporters ainsi qu'à l'utilisation des fumigènes dans les stades. Pour accepter de s'asseoir à la table des négociations, ils demandent un moratoire sur les sanctions collectives ainsi que des études d'efficacités sur des mesures prises par la LFP.
Communiqué de notre association, accompagné d'un visuel de synthèse.
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Nous rappelons que nous combattons et combattrons toujours TOUTES les discriminations qui touchent les stades de football. pic.twitter.com/O7QLes3l2c— Asso.Nat.Supporters (@A_N_Supporters) September 10, 2019
Les principaux opposants à la mesure polémique des interruptions de matchs ne seront donc pas là pour défendre leur cause. L'ANS considère en effet que ces sanctions ne sont pas efficaces, et risquent même d'augmenter le nombre de banderoles homophobes pour provoquer volontairement des arrêts de matchs. En revanche, les associations de lutte contre l'homophobie et plusieurs membres du gouvernement comme Roxana Maracineanu, la ministre des Sports, y sont très favorables. Tous étant d'accord pour améliorer la lutte contre l'homophobie d'une meilleure manière, la décision de l'ANS peut surprendre.
D'autant que des association comme SOS Homophobie semblaient prêtes à bouger sur certains points. «Nous défendons le fait qu'un comportement qui dépasse le cadre de la loi doit être sanctionné. Mais nous sommes ouverts à toutes les discussions concernant la forme, que ce soit l'arrêt des matchs ou autre chose», assure Jeremy Faledam, coprésident de SOS Homophobie. La LFP, elle, ne souhaite pas communiquer sur le refus de participation de l'ANS, et maintient la réunion. Quoi qu'il en soit, des discussions auront lieu, et un point presse est prévu au plus tôt à 17 heures pour faire part des éventuelles solutions.
Autre déclaration polémique, qui ne manquera pas d'animer la réunion : celle de Noël Le Graët. Sur France Info, il a assuré qu'il «n'arrêterait pas les matchs» en cas de chants homophobes, mais qu'il le ferait pour des cris racistes. SOS Homophobie a d'ailleurs rapidement condamné ces propos «et la position que prend la FFF d'effectuer une hiérarchie dans les discriminations à combattre», avant de demander sa démission. De son côté, Roxana Maracineanu a également rétorqué qu'il était «erroné» de faire une «différenciation entre homophobie et racisme». Le dossier devrait donc se poursuivre encore de longues semaines, en coulisse et en tribune.