Parmi les multiples conséquences du Brexit, la Premier League, la ligue de football anglaise, pourrait être sérieusement pénalisée. De nombreux joueurs issus de l'Union européenne, notamment de la France, pourraient en effet être contraints de faire leurs valises.
Après le Brexit, fixé au 31 octobre, les joueurs issus des pays de l'Union européenne (UE) seront considérés comme «extra-communautaires», et devront donc obtenir un permis de travail pour exercer leur métier outre-Manche, comme n'importe quel travailleur. Et pour obtenir le précieux sésame, les conditions sont particulièrement difficiles à remplir.
L'une d'elles concerne notamment le nombre de sélections en équipe nationale sur les deux dernières années. Et elle est extrêmement stricte. Un joueur issu de l'un des dix premiers pays au classement Fifa devra ainsi avoir disputé au moins 30 % des matchs de sa sélection au cours de deux années précédentes. S'il est issu d'une nation classée entre la 11e et la 20e place, il devra avoir joué 45 % des matchs, 60 % pour les pays de la 20e à la 30e place et 75 % de la 31e à la 50e place.
Les Bleus concernés par le Brexit
Si l'on applique cette règle aux joueurs français jouant actuellement en Premier League, on se rend compte qu'ils sont plusieurs à ne pas remplir cette condition. Etant donné que la France est en troisième position au classement Fifa, les Bleus doivent en effet avoir participé à 30 % des 29 matchs que l'équipe de France a joué sur les deux dernières saisons, ce qui nous donne 9 rencontres. Avec ses 5 sélections sur cette période, l'attaquant d'Arsenal Alexandre Lacazette ne coche pas ce critère, tout comme par exemple l'attaquant de Manchester United Anthony Martial (3 sélections) et le milieu fraîchement transféré à Tottenham Tanguy Ndombélé (6 sélections).
Mais comme l'explique la BBC, ces joueurs pourraient tout de même être autorisés à recevoir un permis de travail, grâce à un système dérogatoire qui prend en compte le montant du transfert et le salaire du joueur. Le média britannique prend l'exemple d'Alexandre Lacazette, acheté 60 millions d'euros (dont 7 de bonus) par Arsenal à Lyon en 2017 et payé environ 150.000 euros par semaine, qui pourrait grâce à ces chiffres astronomiques prétendre à un permis de travail, en tant qu' «immigré de grande valeur».
Autre conséquence du Brexit pour le football britannique, les transferts de mineurs de plus de 16 ans, actuellement autorisés au sein de l'UE par la Fifa, pourraient désormais être interdits. Une potentielle bonne nouvelle pour les clubs français régulièrement pillés de leurs meilleurs espoirs par les grosses écuries de Premier League. Le cas de Paul Pogba avait notamment fait grand bruit quand, en 2009, il avait été recruté par Manchester United alors qu'il n'était âgé que de 16 ans. Idem plus récemment pour le Monégasque de 16 ans Hannibal Mejbri, transféré à Manchester United en provenance de Monaco pour 10 millions d'euros.
Bénéfique pour la sélection anglaise ?
Comme le note la BBC, de nouvelles règles pourraient toutefois être fixées afin de contourner ces potentiels problèmes. La Norvège et la Suisse ont ainsi adapté leur législation pour que leurs joueurs accèdent au marché anglais. Mais une telle option ne semble pas être dans l'intérêt de la France, qui a du mal a stopper l'exode de ses talents depuis la mise en place de l'arrêt Bosman, en 1995, autorisant la libre circulation des joueurs en Europe.
Mais ces potentiels obstacles pourraient finalement à terme s'avérer bénéfiques pour la sélections anglaise selon certains observateurs. En effet, si les clubs anglais se retrouvaient d'un coup privés de leurs meilleurs joueurs étrangers, ils seraient alors contraints de miser en priorité sur la formation et de donner davantage leur chance à des joueurs «du cru». Ce qui n'est pas vraiment le cas aujourd'hui, les Anglais ne représentant la saison dernière qu'environ un tiers des joueurs titulaires en Premier League.