Longtemps méconnaissable, Luiz Gustavo surgit dans la dernière ligne droite pour tenter l'exploit de ramener l'Olympique de Marseille sur le podium et la qualification pour la C1, ce qui passe par une indispensable victoire à Guingamp samedi (17h00) pour la 33e journée de Ligue 1.
«Luiz Gustavo ! De Marseille à Janeiro !» La fameuse chanson dédiée au milieu de terrain brésilien, sur l'air de «Freed from desire», n'a jamais cessé de retentir au Vélodrome, même quand l'homme à la moustache n'entrait qu'en fin de match ou ne faisait que s'échauffer sur le bord de la touche. Samedi, contre Nîmes, elle a enflammé le Virage Sud, là où elle a été «composée» par le groupe des South Winners, pour saluer le vrai retour du Grand Méchant Luiz, sorti du bois au meilleur moment.
«Je savais très bien qu'on aurait (de nouveau) besoin de lui», a expliqué Rudi Garcia, l'entraîneur olympien, en conférence de presse jeudi : «Et il l'a confirmé en répondant à mes attentes. On a besoin de nos meilleurs joueurs à leur meilleur niveau, et Luiz fait partie de nos meilleurs joueurs, on le sait depuis longtemps». En sortant un vrai gros match contre les «Crocos» (2-1), avec un but et une frappe sur le poteau, Gustavo a de fait retrouvé son rôle de leader, pour sa première titularisation depuis plus de deux mois. Car «Guga», idole du stade, l'un des meilleurs joueurs de l'exercice précédent, n'a pas joué au même niveau cette saison.
Il voulait partir en Chine
«Depuis un moment, il n'était pas à 100%», a reconnu Garcia jeudi. «Mais j'avais senti et vu des signes d'amélioration ces dernières semaines, ces derniers jours», a-t-il insisté, en rappelant qu'il avait déjà tenté de le recruter quand il était à la tête de l'AS Rome, de 2013 à 2016.
Ce renouveau a clairement fait du bien à l'OM. Car son passage à vide personnel a accompagné celui de toute l'équipe dans cette série d'une seule victoire en douze matches, entre novembre et février. Luiz Gustavo était parfois méconnaissable, comme sur ce but contre son camp grotesque à Francfort (4-0), en Ligue Europa. Il a concédé des penalties, comme lors de la défaite à domicile contre Lille (2-1), et ses entrées en jeu en février-mars étaient franchement mauvaises. Mais qu'arrivait-il au génial Brésilien ?
Certes, il en avait soupé de dépanner en défense centrale pour pallier les absences. Mais pas seulement. Epuisé par une saison 2017-2018 pantagruélique, avec 56 matches, Luiz Gustavo a aussi traversé d'autres difficultés. Il a notamment insisté pour partir en Chine au mercato d'hiver, où l'attendait un contrat en or, et a regretté que le club ne le libère pas, selon un de ses proches. Mais pour l'OM, il n'était pas question de laisser partir un de ses meilleurs joueurs, un des symboles de la saison dernière, jusqu'en finale de Ligue Europa. Selon cette même source, Luiz Gustavo s'est aussi agacé que certains des membres moins expérimentés du vestiaire prennent un peu trop à la légère ses conseils d'anciens.
«Pas besoin de parler»
Resté, Gustavo a visiblement digéré son départ avorté. Après son gros match face à Nîmes il a évoqué sur Canal Plus «ce club incroyable», cette «ambiance incroyable». Rien sur Rudi Garcia par contre : «Je suis un mec qui n'a pas besoin de parler, je suis un mec qui travaille», et qui «donne une réponse sur le terrain». Il a juste promis de «tout donner» pour la qualification en Ligue des champions, et cette 3e place où trône encore l'Olympique lyonnais avec 5 points d'avance : il «nous reste encore» une chance, «on va essayer d'aller chercher le plus de points possibles (...), et on verra ce qui se passe à la fin».
Cela passera donc par le Roudourou, où l'an dernier l'OM avait virtuellement perdu la Ligue des champions à l'avant-dernière journée en ne prenant qu'un point, au bout d'un 3-3 pourtant héroïque, avec une égalisation à neuf contre onze et une balle de match manquée dans le temps additionnel. Cet OM-là avait échoué d'un poil de moustache dans la course au podium, mais il avait l'état d'esprit guerrier, que le vrai retour de Luiz Gustavo ne peut que ranimer.