Déjà ! Charles Leclerc a battu rien moins que Sebastian Vettel et Lewis Hamilton pour s'offrir sa première pole position en Formule 1, samedi au Grand Prix de Bahreïn, pour sa deuxième course seulement avec Ferrari.
Le Monégasque, qui débute sa deuxième saison en F1, devient à 21 ans 5 mois et 15 jours le deuxième plus jeune poleman de l'histoire, derrière Vettel, 21 ans 2 mois et 11 jours, en 2008 au GP d'Italie.
Il s'est aussi adjugé cette position de pointe en battant le record du circuit de Sakhir (1 min 27 sec 866/1000). Une performance immédiatement saluée par les deux multiples champions du monde... qui s'étaient chacun imposé après leur première pole. «Il a fait un très bon travail, il le mérite», a salué l'Allemand, quand Hamilton louait lui un «travail incroyable».
«Je suis extrêmement heureux», a réagi le héros du jour. «Lors de la dernière course (en Australie il y a quinze jours, ndlr), je n'étais pas satisfait de mes qualifications, donc j'ai énormément travaillé pour faire en sorte de ne pas reproduire les mêmes erreurs.»
Mais «j'essaye de garder mes émotions sous contrôle car il n'y a pas de point à gagner avec la pole. Tout se joue en course demain», a-t-il poursuivi.
Leclerc dans le contrôle
Deuxième plus jeune pilote de l'histoire de la Scuderia, Leclerc est ainsi, posé, mesuré. «Assez émotionnel» à son début de carrière, il appris à contrôler ses élans.
Il le faut. Face aux attentes de ceux --nombreux-- qui voient depuis longtemps en lui un champion du monde en puissance. Face à la vie aussi qui ne l'a pas épargné ces dernières années.
Le jeune homme, né le 16 octobre 1997 à Monte-Carlo, a en effet perdu en 2015 son ami Jules Bianchi, pilote de F1 gravement blessé au GP du Japon l'année précédente, puis en 2017 son père, ex-pilote de Formule 3. «Je leur dois tout et je leur dédie chaque course et chaque victoire», a-t-il coutume de dire.
Le troisième Monégasque à accéder à la catégorie reine du sport auto, après Louis Chiron et Olivier Beretta, a découvert le karting à l'âge de quatre ans sur le circuit du père de Jules, le meilleur ami de son propre père, un jour où il ne voulait pas aller à l'école, et commencé la compétition en 2005.
Il est passé à la monoplace en 2014 pour poursuivre un parcours «quasi parfait», selon Fred Vasseur, le patron de Sauber, l'équipe de ses débuts en F1 en 2018.
Avec lui, le Monégasque a remporté le titre en GP3 en 2016 au sein de l'équipe ART Grand Prix, avant d'être sacré champion de Formule 2 en 2017.
Ferrari a réglé ses problèmes
En retrait en Australie, Ferrari démontre qu'elle a réglé ses problèmes sur un circuit qui lui réussit habituellement. La Scuderia est en effet l'équipe la plus récompensée à Bahreïn avec six victoires, deux fois plus que Mercedes.
Mais comment va-t-elle gérer dimanche cette situation inédite, avec sa jeune recrue en pole, devant son aîné et candidat déclaré au titre mondial ?
«Nous n'avons pas encore tenu notre briefing sur la course, a rappelé Leclerc. Bien sûr, je ferai absolument tout pour garder ma première place, mais nous sommes aussi une équipe, il faudra donc travailler ensemble.»
Même son de cloche du côté de Vettel, pilote le plus récompensé à Sakhir avec quatre succès, qui insiste sur le fait que l'important sera de «conserver les première et deuxième places».
Sur un circuit propice aux dépassements, le poleman ne s'est imposé qu'à six reprises en quatorze éditions. Quatre vainqueurs sont partis de la deuxième place sur la grille, deux de la troisième et deux de la quatrième.
Côté français, Romain Grosjean (Haas) a signé le huitième temps. Il est toutefois sous enquête des commissaires pour avoir gêné le Britannique Lando Norris (McLaren) lors de la première partie des qualifications (Q1).
Quant à Pierre Gasly, débutant chez Red Bull cette saison, il n'a pu signer que le 13e chrono : «Je n'arrive pas à me sentir à l'aise avec la voiture», a-t-il reconnu au micro de Canal+. «Il va falloir travailler.»