En vingt ans de carrière, il a marqué le monde du ballon rond. Quelques jours après avoir raccroché les crampons, le désormais international ivoirien Didier Drogba revient sur le chemin parcouru, depuis ses débuts, à Dunkerque, jusqu’à Phoenix, en passant par l’OM.
Il y a des joueurs qui marquent. Lui fait partie de ceux-là. Avec un total de 786 matchs professionnels en clubs, Didier Drogba a marqué le monde du ballon rond par sa classe et son charisme. Il restera comme l'un des meilleurs attaquants du football africain et international. Pour CNews, l'Ivoirien a retracé sa carrière, ses bons et mauvais souvenirs, l'OM, la Côte d'Ivoire mais aussi ce qu'il compte faire dans les prochaines années...
Vous avez décidé de mettre un terme à votre carrière, c’est un choix sans regret ?
Aucun. C’est terminé pour de bon, je pense avoir fait le tour de la question. J’ai joué avec l’équipe nationale en Afrique (Côte d'Ivoire), en France, en Angleterre, en Asie, en Amérique du Nord… Et puis, il ne faut pas l’oublier, j’ai 40 ans. A un moment, il faut passer à autre chose.
Cette tournée avec Yokohama, c’est l’occasion de faire vos adieux aux supporters…
C’est tombé au bon moment avec la fin de ma carrière. Je ne dirai pas qu’il s’agit d’une tournée d’adieux mais ça me permet de voir un petit peu ma popularité. On ne réalise pas que les gens peuvent vous aimer autant et ça fait chaud au cœur.
Pouvez-vous nous expliquer ce rôle d’ambassadeur ?
C’est un partenariat Yokohama, qui est le sponsor de Chelsea, et moi. Tout le monde sait ce que Chelsea représente pour moi, j’y ai joué neuf ans. Et avec Yokohama, on partage les mêmes valeurs. Ils sont arrivés au club en 2015, ont remportés deux trophées (le titre en 2017 puis la FA Cup). Et l’objectif, c’est de remporter plus de trophées, de grandir avec le club. C’est ce qui a été mon leitmotiv pendant toute ma carrière, de faire beaucoup mieux. Donc, je pense que ça a du sens d’être en partenariat avec eux.
Jamais je n'aurai imaginé rencontrer Nelson Mandela
Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Incroyable tout simplement. Incroyable parce qu’à la base, le football était juste ma passion, comme beaucoup de joueurs. Jamais je n’aurai imaginé arriver aussi loin dans ma carrière. Pouvoir jouer pour mon pays, pour des clubs que j'aime… Jamais, je n’aurai pensé rencontrer Nelson Mandela, discuter avec des chefs d’état qui écoutent mon avis. Tout ça c’est grâce au foot. Le football m’a tant apporté.
Quelles sont les trois personnes qui ont le plus compté dans votre parcours ?
Marc Westerloppe, mon coach, celui qui m’a recruté et qui m’a permis d’entrer dans le milieu professionnel. Mon oncle qui m’a fait venir en France et mon premier fils. Sa naissance a tout changé dans ma vie.
Si vous deviez choisir trois meilleurs souvenirs…
Ma première licence, c’était à Dunkerque (en 1988) ! C’était la première fois que je portais le maillot d’une équipe, ça faisait quelque chose. Il y avait aussi mon tout premier match en première division (ex Ligue 1). C'était avec Guingamp contre Metz (en 2001 et il avait d'ailleurs marqué, ndlr). Et le troisième, je dirait la victoire en Ligue des champions avec Chelsea (2012).
Beaucoup moins joyeux, quels sont vos trois regrets…
La finale de la Coupe d’Afrique perdue en 2012 avec la Côte d’Ivoire et celle perdue à Moscou en Ligue des champions avec Chelsea (2008). Et puis, l’OM évidemment. Tout le monde le sait, ce club a marqué ma vie.
C'est votre regret de ne rien avoir gagné ou de ne pas y être revenu ?
C'est un tout, le fait de ne pas avoir gagné de titre (il a disputé une finale de Coupe de l'UEFA perdue contre Valence, ndlr) puis de ne pas avoir pu y rester plus longtemps.
D’ailleurs que pensez-vous de l'OM cette saison ?
C’est un OM à réaction. Je pense que c’est une saison où ils réagissent beaucoup et de belle manière d'ailleurs. Mais je pense qu’en deuxième partie de saison, ça ira beaucoup mieux pour eux. Il y a trois de leurs joueurs majeurs qui étaient au Mondial, donc il faut digérer le titre de champions du monde même s’ils n’ont pas trop joué. Et par la suite tout devrait rentrer dans l'ordre pour eux.
Fier de mon discours pour la Côte d'Ivoire en 2005
Et le Chelsea d’aujourd’hui, il est plaisant à voir jouer ?
Le coach, Maurizio Sarri, fait du très bon boulot. Il apporte de la sérénité à l'équipe. Et petite satisfaction personnelle, je suis toujours content quand je vois un Eden Hazard qui prend du plaisir et sort d'énormes performances.
Allez-vous faire comme votre ancien coéquipier Franck Lampard, devenir coach ?
"Frankie" a pris du temps avant de prendre sa décision, avant de se lancer. Je pense que je vais en faire autant. Et puis, d’avoir côtoyé de grands entraîneurs et de grands joueurs, ça permet d'apprendre énormément de choses sur ce métier.
C’est la mode de voir les anciens joueurs devenir entraîneurs…
C'est vrai mais si je le fais, ce ne sera pas pour suivre la mode. Parce qu’à un moment donné, la mode ça s’éteint. Si je le fais, c’est parce que c’est un choix de carrière et que j’enchaîne sur un long moment. Il faut d’abord prendre le temps de digérer la fin de ce rêve de gosse qui a duré 20 ans avant de se lancer dans autre chose.
Autre chose, ça peut être en politique, comme George Weah ?
George Weah n’a pas fait ça au moment d’arrêter sa carrière. Il a appris, il a réfléchi. Il était convaincu de ses capacités à aller au bout en politique. Moi je suis loin de tout ça pour l’instant. Ce dont j’ai envie, c’est de me reposer un petit peu parce que c’est aller vite ces 15 dernières années.
Vous n’avez pas remporté de titre avec la Côte d’Ivoire, mais en 2005 vous aviez eu un discours qui a apporté autre chose au pays….
Je ne sais pas si on peut comparer les deux choses. Par contre, ce message a été retransmis dans tous les journaux télévisés du pays midi et soir. Et ça a été source d’apaisement en Côte d’ivoire pendant de long mois et ça, j’en suis fier. Maintenant en 2012, pour la défaite en finale, les gens m’ont pardonné puisqu’on l’a gagné en 2015. Les gens ont vu à quel point j’étais triste.
Voir les Éléphants l’emporter trois ans après, c’est presque comme si vous l’aviez gagné…
Je ne vais pas m’approprier cette victoire parce que je n’y étais pas. Mais je pense que la plupart des joueurs qui y étaient beaucoup sont venus sous mon « parrainage » et beaucoup ont joué avec moi. Et puis, c’est la Côte d’Ivoire qui a gagné, moi je suis Ivoirien, donc j’ai gagné aussi (rires).
Qui est votre favori pour remporter la CAN 2019 ?
Je ne sais pas mais j’espère que la Côte d’Ivoire sera prête et qu’elle ira le plus loin possible.
Il y a une équipe qui vous plait en Afrique en ce moment ?
Quand on voit l’effectif ivoirien, il y a de très bons joueurs comme Nicolas Pepe, Wilfried Zaha, Franck Kessie, Serge Aurier… il faut dire qu’on a quand même une belle équipe.
Quel est votre Top 3 en Afrique ?
Aujourd’hui, je dirai le Sénégal, le Maroc et la Côte d’Ivoire. Mais je ne sais pas si je suis très objectif pour le dernier…
Didier Drogba en quelques chiffres
8 clubs ont été fréquentés par le natif d’Abidjan : Le Mans, Guingamp, l’OM, Chelsea, Shanghaï Shenhua, Galatasaray, Montréal et Phoenix.
17 titres ont été décrochés par l’ancien marseillais : 14 avec Chelsea et 3 avec Galatasaray.
106 sélections avec la sélection de la Côte d’Ivoire avec laquelle Didier Drogba a atteint la finale des CAN 2006 et 2012.
363 buts inscrits par l’attaquant ivoirien qui aura disputé un total de 786 matchs en clubs.