Quatre supermaxis, dont le tenant du titre Comanche, emmenaient jeudi la flotte de la Sydney-Hobart, une des courses à la voile les plus éprouvantes au monde qui vit cette année, selon ses organisateurs, son édition la plus disputée.
Depuis la sortie mercredi de l'emblématique baie de Sydney sous un ciel bleu, la première place n'a cessé de changer de titulaire, entre Comanche, vainqueur en 2015 et 2017, et Wild Oats XI, huit fois vainqueur de cette classique de 628 milles (1.163 km) entre 2005 et 2014.
Mais ces deux voiliers de 100 pieds (30 mètres), qui s'étaient déjà livrés l'an passé un duel épique, n'étaient pas seuls à briguer les avant-postes. En ajoutant deux autres supermaxis, Black Jack et Infotrack, quatre bateaux se tenaient jeudi en cinq milles.
Dans des conditions de vent très légères, le record battu en 2017 par Comanche (un jour neuf heures, 15 minutes et 24 secondes) ne devrait pas tomber cette année.
«C'est la course la plus disputée à laquelle nous avons jamais participé. Nous avons déjà eu des luttes serrées avec Comanche par le passé, mais jamais des batailles à quatre», a déclaré jeudi matin Chris Links, équipier sur Wild Oats XI.
Le voilier australien était arrivé premier à Hobart en 2017 mais avait été privé de la victoire au profit de Comanche en raison d'une pénalité d'une heure pour une collision évitée de justesse sur un virement osé.
«Journée énorme»
«Nous nous sommes croisés deux fois avec Comanche sur des bords opposés cette nuit entre 03H00 et 04H00. Nous pouvons aussi voir Black Jack. Il n'y a rien entre nous», a ajouté Links.
La tête de la flotte était jeudi matin dans le détroit de Bass séparant l'Australie continentale de la Tasmanie, un passage célèbre pour ses conditions météorologiques souvent musclées qui peuvent lever une mer très formée.
Mais cela ne sera pas le cas lors de cette édition, les prévisions annonçant un temps clément, avec peut-être même des passages dans la pétole. Il faudra ensuite gérer la délicate remontée du Derwent River jusque Hobart, connu pour ses trous d'air piégeux.
TP52 Ichi Ban, qui avait remporté l'an dernier le classement au temps compensé (prenant en compte la taille des navires), était encore cette année le voilier qui avançait le mieux dans cette catégorie où les bateaux de plus petite taille peuvent rivaliser avec les gros.
«La deuxième journée (jeudi) va être énorme. Le vent est en train de tomber», a déclaré sur la chaîne publique ABC Paul Billingham, commandant du Cruising Yacht Club of Australia, organisateur de cette course annuelle dont la première édition s'est disputée en 1945.
Il a décrit un «jeu du chat et de la souris» entre les supermaxis, et une lutte également serrée pour le classement au temps compensé.
«La première place au temps compensé change toutes les cinq minutes. Il y a une dizaine de bateaux qui se tiennent en une heure.»
Sur les 85 voiliers partants, seuls 81 demeuraient jeudi en course, après notamment l'abandon du bateau hongkongais Scallywag qui a brisé son boute-dehors.
Jeudi, les équipages commémoreront l'une des pires tragédies de l'histoire de la voile, survenue il y a 20 ans: la mort de six marins victimes d'une dépression impressionnante en mer de Tasmanie.