Il y a un an, Rafael Nadal, en route vers le titre, privait Juan Martin Del Potro de finale de l'US Open. L'Argentin, devenu N.3 mondial, va tenter de prendre sa revanche au même stade du tournoi new-yorkais, théâtre de son unique sacre en Grand Chelem, vendredi.
Depuis son succès contre «Delpo» à Flushing Meadows, le N.1 mondial a stoppé deux fois de plus le Sud-Américain en Grand Chelem : logiquement en demi-finale de Roland-Garros en juin (6-4, 6-1, 6-2), puis in extremis en quarts de finale de Wimbledon un mois plus tard. Sur le gazon londonien, il ne s'en est sorti qu'au bout de 4h48 min de combat acharné, après avoir été mené deux sets à un (7-5, 6-7 (7/9), 4-6, 6-4, 6-4).
Del Potro n'était plus passé aussi près de battre Nadal depuis sa victoire face au Majorquin en demi-finale olympique, à Rio en 2016, point de départ de sa renaissance, après deux années gâchées par trois opérations au poignet gauche entre mars 2014 et juin 2015. Fort du meilleur classement de sa carrière, après s'être offert au printemps son premier titre en Masters 1000 à Indian Wells, suivi d'une finale à Miami, le grand Argentin (1,98 m) peut y croire.
«Delpo» version 2009 ?
Depuis le début de la quinzaine new-yorkaise, Del Potro, porté par son service et son coup droit, n'a laissé échapper qu'un set, en quarts de finale face au géant américain John Isner. A-t-on retrouvé le «Delpo» version 2009, sacré à vingt ans à peine à New York, en renversant en finale Roger Federer, alors quintuple tenant du trophée et N.1 mondial ? «Je ne sais pas si je joue le meilleur tennis de ma carrière, mais je me sens bien», répond l'Argentin. «Je joue sans douleur. Je suis très satisfait de mon niveau de jeu. Ma confiance est à un niveau élevé», énumère-t-il.
Les choses ont été beaucoup plus compliquées pour Nadal sur les courts de Flushing Meadows. L'Espagnol onze fois victorieux de Roland-Garros reste sur trois combats éprouvants : 4h23 face au jeune Russe Karen Khachanov, 3h19 contre le Géorgien Nikoloz Basilashvili, et surtout 4h49 et cinq sets face au N.9 mondial, Dominic Thiem.
Si sa combativité exceptionnelle n'a aucune raison de lui faire défaut, le Majorquin de 32 ans risque d'être entamé physiquement, en particulier à l'approche de la dernière ligne droite de la saison. «Rafa a eu un parcours plus difficile. Mais il bénéficie de deux jours pour récupérer, il sera frais», estime néanmoins le N.7 mondial Marin Cilic, éliminé en quarts de finale.
Djokovic-Nishikori, les revenants
Friand de ces grands rendez-vous avec les meilleurs mondiaux - «ils me font me sentir de nouveau vivant» - Del Potro pourra en prime compter sur les encouragements sonores et chantés de son groupe d'amis d'enfance, venus spécialement de Tandil, sa ville natale, et qui assurent l'ambiance à chacun de ses matches : «Soy argentino/Es un sentimiento/No puedo parar» (Je suis Argentin/C'est un sentiment/C'est ancré en moi) et autres «Pegue, pegue, pegue Delpo, pegue !» (Frappe, frappe, frappe Delpo, frappe !). «Ils rendent ce tournoi très spécial pour moi», sourit l'Argentin.
Il y a un an, Novak Djokovic et Kei Nishikori, opposés dans la deuxième demi-finale, étaient eux aux abonnés absents. Le premier au beau milieu de deux ans de vicissitudes, entre coude douloureux et tête en vrac, le second alors récemment éloigné du circuit pour six mois, la faute à un poignet droit bientôt opéré. Depuis, le Serbe de 31 ans tutoie de nouveau les sommets depuis son sacre du renouveau à Wimbledon mi-juillet, suivi d'un titre à Cincinnati qui en a fait le premier joueur à détenir la collection complète des trophées en Masters 1000.
A 28 ans, le Japonais, ex-N.4 mondial aujourd'hui 19e, confirme également son retour au plus haut niveau. Là aussi, il y aura de la revanche dans l'air : en 2014 à New York, Nishikori avait supris «Djoko» (6-4, 1-6, 7-6 (7/4), 6-3) pour s'offrir sa première - et à ce jour sa seule - finale en Grand Chelem. Même si depuis l'ex-N.1 mondial a très largement repris la main, avec quatorze victoires d'affilée face au joueur nippon.