Après les avoir affrontés en demi-finale de France 98, les Bleus retrouvent les Croates dimanche en finale de la Coupe du monde. Il y a vingt ans, la mi-temps du match entre les deux pays avait donné lieu à une sévère mise au point dans le vestiaire français.
Apathiques pendant les quarante-cinq premières minutes, les coéquipiers de Didier Deschamps, alors capitaine, se montraient en effet incapables de poser des problèmes à leurs adversaires. Pire encore, ces derniers exprimaient de plus en plus de facilité à développer leur jeu. Le spectre d’une élimination aux portes de la finale se profilait pour les Bleus.
De quoi mettre dans une rage folle Aimé Jacquet, le sélectionneur de l’Équipe de France. «Quand on a le ballon, on monte à deux à l’heure. Aucune chance ! (…) Ou on réagit parce qu’il y a une finale au bout ou vous laissez tomber. (…) Il y a personne qui bouge, on est amorphes ! Vous avez peur de quoi, vous avez peur de qui ? Vous allez perdre les gars, vous avez pas de souci à vous faire», lance Jacquet dans un discours passé depuis à la postérité.
A cet instant précis du Mondial, l’entraîneur français est dans l'impasse. Son message ne semble plus passer et il peine à transmettre des directives claires à ses joueurs. L’agacement point, le mental des troupes est usé et Laurent Blanc, pourtant réputé calme, commence à s’énerver. Il y a urgence.
Deschamps prend les choses en main
C’est l’homme de confiance de Jacquet, Didier Deschamps, qui va lui servir de relais. A l’époque, «DD» n’a que 29 ans mais il évolue déjà depuis quatre ans à la Juventus Turin, en Italie, pays d’où sont issus les tacticiens les plus renommés (Arrigo Sacchi et son 4-4-2 à plat pour ne citer que lui). Animations, systèmes de jeu, jeu entre les lignes, disposition du bloc équipe… pour Deschamps, qui évolue alors sous les ordres de Marcello Lippi, ces notions sont déjà bien connues. Mieux que ça : il les maîtrise sur le bout des doigts.
Et quand il sent son entraîneur en difficultés, Didier Deschamps décide alors de prendre les choses en main et s’adresse à ses coéquipiers. «Là, le jeu il est fait pour eux. A nous de nous replacer un peu mieux. On fait le bloc. On revient tous serrer et après on sort, mais tous ensemble. Si Zizou sort à droite, on suit derrière. Autrement on va mourir, on va se tuer tout seul», dit Deschamps dans un silence de cathédrale. Le diagnostic de «DD» est sévère mais juste. Puis il prend Lilian Thuram seul à seul : «Ou tu montes d’un cran, ou tu resserres dans l’axe ! Mais reste pas seul comme ça, car sinon ils ont un mec en plus». Des conseils qui se sont avérés plus que payants puisque la France a fini par venir à bout des Croates grâce à deux buts de Thuram.