Depuis l’annonce de la candidature de Los Angeles pour les Jeux Olympiques de 2028, Paris est assurée d’accueillir l’édition de 2024. Mais l’organisation d’un événement d’une telle ampleur aura un coût élevé.
La capitale française table sur un budget total de 6,6 milliards d’euros, bien en-deçà de la facture des éditions précédentes, pour mener à bien ces Jeux Olympiques. Cette enveloppe se divise en deux parts égales, comme l'explique le site de France Olympique.
Le budget de la future quinzaine olympique
Les premiers 3,3 milliards d’euros, versés par le Comité d'organisation des Jeux Olympiques («Cojo»), recouvriront l’ensemble des frais indispensables au bon déroulement de la quinzaine olympique : cela comprend notamment la mise en place de sites temporaires, l’aménagement des lieux déjà existants, mais aussi le logement, l’entretien et le transport des athlètes. Sur cette somme, 1,45 milliard devrait être apporté par le Comité international olympique, et les deux autres milliards sont généralement assurés par la billetterie et le programme de sponsoring national.
Cette première enveloppe est restée plutôt stable sur les dernières éditions des Jeux Olympiques, tournant toujours autour des 3 milliards d’euros, indique France Olympique. Si l’organisation est correctement menée et que les places sont toutes vendues, il arrive même que les villes, à l'image de Londres en 2012, soient en mesure de générer des bénéfices sur ce budget.
Le budget d'équipement
Les trois milliards restants serviront à construire les équipements sportifs pérennes (le Village olympique, le Village des médias et le Centre aquatique, en Seine-Saint-Denis) et des infrastructures (comme des stades, piscines, logements, transports en commun, routes, etc.).
Ils seront répartis comme ceci : 1 milliard pour l'Etat, près de 500 millions pour les collectivités territoriales concernées (villes et région), et 1,5 milliard pour des partenaires privés. Ce qui ferait donc une somme de 1,5 milliard d'euros à la charge des contribuables.
Quelques dépassements à prévoir
Si Paris suit la tendances des autres villes organisatrices, ce premier budget devrait donc être respecté. Mais l'autre moitié de l'enveloppe, dite «hors-Cojo», pose généralement problème. Car si Emmanuel Macron, le président de la République, vante un «budget limité» pour les JO 2024, selon une étude de la Saïd Business School d’Oxford, depuis 1960, tous les pays hôtes ont dépassé leur budget initial à cause de la construction de sites olympiques pérennes.
En moyenne, les budgets des villes candidates font plus que doubler par rapport aux estimations initiales. Ainsi, en 2012, Londres a dû débourser environ 6 milliards d'euros supplémentaires (pour un total de 11 milliards). Les pires exemples sont ceux de Rio, en 2016, qui a vu la facture grimper de 23 milliards d'euros (total de 33 milliards), tandis qu'en 2008, le budget de Pékin avait bondi de 29 milliards d'euros (total de 32 milliards), même si, d'après les autorités chinoises, ce dépassement n'a été que de 4 %.
Le record du plus important écart budgétaire est, pour l'instant, détenu par Montréal (1976), dont l’enveloppe avait flambé de 720%, et endetté la ville pendant plus de trois décennies.
Un budget initial qui pourrait tripler
Le comité de candidature de Paris-2024 a pour habitude de soutenir que le coût de ces Jeux ne sera pas exorbitant, arguant que la capitale et sa région comptent 95 % de sites existants, comme le Stade de France ou la base nautique de Vaires-sur-Marnes. Mais les collectivités devront néanmoins mener à bien des chantiers très importants, avec les impondérables, comme les retards, que cela peut comporter. De même, les mesures de sécurité avaient fait grimper en flèche le coût des Jeux londoniens (1 milliard d'euros).
D’après Alexandre Delaigue, professeur d’économie à Lille et auteur du blog «Classe éco», l’enveloppe de Paris pour ces Jeux Olympiques «va exploser». «Ce n’est même pas une prévision, c’est une certitude», écrit-il sur son blog. Le professeur estime que «pour un budget prévisionnel d’environ 6,6 milliards d’euros pour l’instant, cela nous conduirait pour Paris 2024 aux alentours de 18 milliards de coût global».
Des retombées attendues
Les organisateurs estiment que les Jeux Olympiques 2024 pourraient générer 10,7 milliards d'euros, et 250 000 emplois pérennes. Ils s'appuient sur une étude du Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES) de Limoges. Mais d'autres scénarios, moins optimistes, ont également été évoqués par le CDES :
Pour avoir un ordre d'idée, l'Euro 2016, qui a eu lieu en France, a rapporté 1,22 milliard d'euros selon une étude de l'organisme Keneo et de ce même CDES. Pour l'organiser, 1,7 milliard d’euros (62 % privés, 38 % publics) avaient été investis.