L'élimination du Paris SG en Ligue des champions dès les 8es de finale entrave l'objectif Ballon d'Or de Neymar, et risque de nourrir les spéculations sur un éventuel départ à la fin de la saison, relancées mardi par ses propres coéquipiers.
A l'issue de la défaite 2-1 mardi face au Real Madrid (revers 3-1 à l'aller), les deux défenseurs centraux du PSG ont, peut-être involontairement, donné du crédit à une idée de transfert déjà lancinante. «Je crois qu'il va rester. Il a parlé, son père aussi a parlé. On verra qu'est-ce qui va se passer jusqu'à la fin de la saison après la Coupe du monde», a dit son capitaine Thiago Silva, insufflant ainsi du doute.
«Je lui demande de rester»
«Je lui demande de rester, c'est le moment d'avoir du temps pour que les choses puissent entrer en automatismes, qu'on puisse gagner en maturité comme équipe, avoir de la puissance sur ce genre de match», a avancé pour sa part Marquinhos.
«C'est un joueur important pour nous. Il faut vraiment qu'il ait confiance en notre projet, en nos joueurs, notre staff. On a vraiment besoin de temps pour digérer la déception mais comme on l'a fait l'an dernier, il faut qu'on rebondisse», a ajouté le défenseur, proche de «Ney» avec lequel il a remporté l'or aux JO 2016 de Rio.
Des déclarations propres à alimenter les spéculations, même si la direction du club les a balayées, par la voix de son président Nasser Al-Khelaïfi, qui a assuré «croire» en ses joueurs : «On veut continuer le projet, avec les deux (Neymar et Kylian Mbappé), parce que c'est le futur du club».
Depuis sa résidence au Brésil, où il s'est fait opérer samedi du pied droit, l'intéressé a fait le travail «corporate», en lançant sur les réseaux sociaux deux messages de soutien, avant et après le match.
Estou triste pela derrota, muito mais triste por não estar em campo ajudando meus companheiros!! O que me deixa orgulhoso é ver o esforço de todos. Parabéns mon gars, ALLEZ PARIS pic.twitter.com/wIUiA0nPkw
— Neymar Jr (@neymarjr) 6 mars 2018
N'empêche : même s'il a reçu ces derniers jours la visite d'un de ses prédécesseurs sous le N.10 rouge et bleu (2010-2012), son compatriote Nenê, le lien avec Paris semble se distendre, s'il a jamais été serré : la semaine dernière, avant son opération, son clan brésilien avait donné l'impression de prendre le dessus sur son employeur parisien. Désormais, c'est l'opération Ballon d'Or 2018 qui paraît sérieusement compromise, faute de finale européenne à laquelle l'attaquant aurait pu participer en cas de récupération à temps.
Neymar peut certes briller à la Coupe du monde, mais les deux dernières éditions du tournoi suprême n'ont pas pesé dans l'identité du Ballon d'Or en fin d'année (Lionel Messi puis Cristiano Ronaldo, éliminés du Mondial respectivement en quart en 2010 et au premier tour en 2014).
Son glorieux compatriote Ronaldo avait d'ailleurs noté à son propos en janvier que «sportivement parlant, cette décision qu'il a prise (d'aller au PSG, ndlr), c'est un pas en arrière»...
Un transfert vers le Real ?
L'élimination de mardi face au Real représente en outre un camouflet personnel pour le Brésilien de 26 ans : malgré ses 6 buts en 7 matchs, il vient de connaître sa pire campagne de Ligue des champions, dont il avait toujours fréquenté au moins les quarts (dont un sacre en 2015) depuis son arrivée en Europe au FC Barcelone, en 2013.
S'il y a des rumeurs de transfert, elles pointent vers le... Real Madrid, qui n'a plus sorti de gros chèque depuis 2014 (80 M EUR pour le Colombien James Rodriguez). «Être à Madrid faciliterait sa victoire au Ballon d'Or. Le Real est un club qui offre tout ce dont il a besoin à un gros joueur pour y parvenir. Tout le monde sait que j'ai voulu le faire signer à un moment donné», avait affirmé son président Florentino Perez en décembre sur la radio espagnole Cadena SER.
Changer de club un an après avoir été le plus gros transfert de l'histoire (222 M EUR) ? Cela pourrait contrecarrer le plan marketing : «Neymar, Ballon d'Or potentiel dans un club Nike comme le PSG, c'est l'équation idéale pour Nike. C'est cela qui lie le destin des trois à mon avis», explique à l'AFP Vincent Chaudel, expert de l'économie du sport pour le cabinet Wavestone. Et selon l'éditorialiste Juca Kfouri, également contacté par l'AFP et qui fait autorité au Brésil, «si Neymar change de club maintenant, il dévoilera une fois pour toutes son immaturité».