Le changement aura-t-il porté ses fruits ? Le XV de France aborde le Tournoi des six nations, samedi (17h45) contre l'Irlande au Stade de France avec un nouveau sélectionneur, Jacques Brunel, appelé à la rescousse pour tenter d'enrayer, en quelques semaines, une spirale infernale de défaites.
Passée la révolution d'un inédit changement de sélectionneur en cours de mandat et à moins de deux ans de la Coupe du monde 2019 au Japon, avec le remplacement le 27 décembre de Guy Novès par Brunel, reste à en mesurer les effets.
Car pour l'instant, tout est nouveau, tout est beau : le flou et le micmac qui ont entouré, dans les premières semaines, la composition du nouvel encadrement est derrière les Bleus, et le style paternaliste, positiviste et responsabilisant de Brunel a semble-t-il séduit les joueurs.
Comme le choc de simplification administré au plan de jeu (conquête, défense, combat, deux-trois combinaisons derrière) vu l'urgence de la situation et ces deux petites semaines de préparation.
Même les affaires extra-sportives concernant le président de la Fédération, Bernard Laporte, ont été, au moins pendant un temps, reléguées au second plan.
Place donc au terrain, le seul étalon. «On va voir comment ca va se passer contre l'Irlande, si le travail a payé. (Car en cas de défaite), les critiques peuvent vite de nouveau fuser» estime le troisième ligne Wenceslas Lauret.
Le changement d'année et de sélectionneur n'ont ainsi pas modifié le bilan chiffré : Brunel, ancien adjoint d'un XV de France autrement plus performant (2001-2007), devra faire retrouver aux Bleus le goût de la victoire inconnu depuis mars 2017. Avant une série de six revers (dont cinq test-matches) et un nul aux allures de défaite, contre le Japon en novembre (23-23), fatale à Novès.
La quête de la confiance perdue
Le nouveau sélectionneur, qui retrouvera le Tournoi deux ans après l'avoir quitté à la tête de l'Italie (2011-2016), se veut optimiste, espérant voir son équipe à la lutte pour la victoire finale dans la compétition jusqu'au bout.
Pour cela et pour enclencher un cercle vertueux, «l'entrée en matière est très importante, elle va dicter le tempo du Tournoi» reconnaît Brunel. Où les Bleus iront ensuite en Ecosse (11 février), puis recevront l'Italie (23 février) et l'Angleterre, double tenante du titre (10 mars), avant de terminer au pays de Galles (17 mars).
«Le résultat pour nous sera déterminant. Il peut créer la confiance qui s'est peut-être étiolée sur les derniers mois», abonde le demi de mêlée Maxime Machenaud.
«Etat d'esprit»
Problème : c'est justement une équipe en pleine confiance, troisième nation mondiale, rodée depuis plusieurs années et expérimentée, que les Bleus défieront samedi au Stade de France.
Quand eux ont donc dû repartir de zéro ou presque en deux semaines. Ils ont aussi été confrontés, après les absences prévues de l'ouvreur Camille Lopez et du centre Wesley Fofana, à celle, juste avant le Tournoi, du patron de jeu annoncé, le demi de mêlée Morgan Parra.
Ainsi qu'à la suspension, pour ce match, de Mathieu Bastareaud (suspendu), dont l'expérience aurait également été précieuse pour encadrer une équipe relativement inexpérimentée (16,4 sélections de moyenne).
Pour épauler, aussi, le jeune ouvreur de Bordeaux-Bègles Matthieu Jalibert, lancé, à 19 ans et avec seulement quinze matches professionnels au compteur dans le grand bain international. Face à la redoutable paire de demis du XV de Trèfle Conor Murray-Jonathan Sexton.
«On va rencontrer une équipe en confiance qui sort d'une année 2017 de qualité (...), déclare Brunel. On n'est pas favori mais on espère que ces 15 jours nous auront construit un état d'esprit qui va nous permettre de rivaliser».
Et même un peu plus, pour que sur le XV de France se lève concrètement le vent de la nouveauté.