La décision des Clippers de Los Angeles d’envoyer leur superstar, Blake Griffin, aux Pistons de Detroit marque la fin d’une ère pour la franchise californienne.
L’ailier-fort des Clippers est accompagné de Brice Johnson et Willie Reed. En échange, les Pistons se séparent de Tobias Harris, Avery Bradley, Boban Marjanovic, ainsi que d’un premier et second tour de draft. Detroit, qui ne cesse de descendre au classement après un début de saison encourageant, récupère clairement le meilleur joueur de ce transfert. L’espoir est que Blake Griffin leur permettra de redresser miraculeusement la barre d’ici la fin de la saison avec en ligne de mire une potentielle qualification en playoffs. A Los Angeles, ce transfert marque définitivement la fin de l’ère «Lob City» et le début d’une phase de reconstruction moins pénible qu’il n'y paraît.
L’échange du point de vue des Pistons de Detroit
Detroit vient de s’offrir une superstar en la personne de Blake Griffin. Et c’est une bonne nouvelle pour la franchise. Excellent passeur, et désormais doté d’un tir extérieur relativement fiable (34,2% à trois points), Griffin arrive dans une équipe prête à tout pour atteindre les playoffs. Son association avec Andre Drummond devrait se faire sans accroc, le pivot des Pistons ayant un jeu proche de celui pratiqué par DeAndre Jordan, l’ancien coéquipier de Blake Griffin aux Clippers. Drummond est peut-être moins imposant en défense (quoique), mais a su améliorer considérablement son pourcentage de réussite aux lancer-francs (62,5%) cette saison, et est un bien meilleur passeur que Jordan (3,8 PD/match).
Stan Van Gundy, le coach, espère que l’association des deux intérieurs, avec Reggie Jackson à la mène, sera susceptible de recréer un semblant de la magie du trio des Clippers Jordan/Griffin/Paul, qui a fait les beaux des Clippers pendant plusieurs saisons. La chose ne sera toutefois pas aisée, puisque les Pistons viennent de se débarrasser de deux joueurs adroits à trois points (Harris : 40,9%, Bradley : 38,1%), capables de créer de l’espace. Detroit doit désormais s’en remettre à Reggie Bullock et Luke Kennard sur les ailes. Stanley Johnson, qui ne sait toujours pas mettre la ballon dans le panier, va voir ses responsabilités augmenter (ouch!). Idem pour Ish Smith, qui n’est pas non plus connu pour son adresse aux tirs. Langston Galloway aura aussi sa chance.
Mais cet échange n’est pas sans risque pour Detroit. Blake Griffin, qui a signé cet été un contrat mirobolant de 173 millions de $ sur cinq ans (gloups !), a manqué 40% des matches en raison de diverses blessures ces quatre dernières saisons. Et à bientôt 29 ans, ce pari semble particulièrement risqué. Ses capacités athlétiques ont clairement diminué depuis quelques saisons, et son impact sur le jeu n’est pas aussi évident que les années précédentes. Cette saison, les Clippers affichaient un bilan de 17v-16d avec Griffin sur le terrain. 8v-8d sans lui. Si on ajoute à cela le fait que Reggie Jackson a lui aussi tendance à passer du temps à l’infirmerie depuis son arrivée à Detroit, il est difficile de se montrer hyper-enthousiaste à propos de l’avenir des Pistons.
L’échange du point de vue des Clippers de Los Angeles
En juin dernier, les Clippers ont recruté une pièce maîtresse pour l’avenir du club : Jerry West. C’est lui qui se cache derrière le succès des Lakers au début des années 2000 après qu’il ait convaincu Shaquille O’Neal, qui hésitait à quitter le Magic d’Orlando, de rejoindre la franchise. Et qui a fait le forcing pour échanger Vlade Divac contre un jeune lycéen nommé Kobe Bryant, alors tout juste drafté par les Hornets, en 1996. C’est aussi lui qui, alors qu'il travaillait pour Golden State, a mis sa démission dans la balance pour empêcher le transfert qui aurait vu Kevin Love rejoindre les Warriors en échange de Klay Thompson et, potentiellement, de Draymond Green, à l’été 2014. Vous croyez qu’il ne sait pas ce qu’il fait en se débarrassant de Blake Griffin ?
Après avoir accepté d’échanger Chris Paul l’été dernier, les Clippers viennent ainsi de fermer l’un des plus beaux chapitres de l’histoire du club - les années «Lob City». Le club se débarrasse d’un contrat qui risquait de devenir ingérable à mesure des blessures accumulées par Griffin. Ils récupèrent Tobias Harris, 25 ans, un joueur en progression constante ces dernières saisons qui colle parfaitement à la nouvelle philosophie de jeu au sein de la ligue : Un ailier/ailier-fort adroit à trois points. S’il ne fait pas l’affaire, son contrat s’arrête en 2019. Le risque est minimum. Avery Bradley, en plus d’être un des meilleurs défenseurs de la NBA, est aussi en fin de contrat. Il pourrait être échangé avant la date limite des transferts, ou jouer jusqu’à la fin de la saison. Les Clippers seront dès lors en mesure de lui proposer un contrat raisonnable. Ou de le laisser partir s'il se montre trop gourmand. Et puis il y a Boban Marjanovic, qui va retrouver son compatriote Milos Teodosic à Los Angeles, et régaler les fans du haut de ses 2m20.
Mais le côté le plus juteux de cet échange réside dans les futurs choix draft, un premier et un second tour, récupérés par les Clippers dans cet échange. Ils peuvent servir à construire l’avenir, et/ou de monnaie d’échange dans des échanges à venir. Selon plusieurs experts NBA outre-Atlantique, Los Angeles explore à la fois les possibilités de transferts concernant DeAndre Jordan et Lou Williams, tout en gardant ouvertes les discussions d’une prolongation de contrat avec les deux joueurs. Longtemps bloqués par leur masse salariale, et n’ayant jamais réussi à atteindre les finales de conférence avec le trio Paul/Griffin/Jordan, les Clippers disposent pour la première fois depuis longtemps de différentes options pour leur avenir. Un luxe en NBA. Et une bonne nouvelle pour les fans des Clippers, qui peuvent désormais regarder l’horizon avec une pointe d'espoir.