Et maintenant Stéphane Peterhansel ! Plein de maîtrise jusque-là quand d'autres favoris vacillaient, le pilote Peugeot a connu samedi un problème mécanique qui a offert à son coéquipier espagnol Carlos Sainz la tête du classement général du Dakar-2018, samedi après la 7e étape en Bolivie.
Le Français répétait la veille que rien n'était fait malgré une avance confortable de 27 min 10, qu'il restait encore deux tiers du kilométrage à parcourir jusqu'à l'arrivée le 20 janvier. Avec l'expérience de ses vingt-neuf participations, «Peter» a eu raison de se méfier.
Alors qu'il menait l'étape du jour, il a heurté «probablement une pierre» en voulant doubler un quad arrêté sur la piste. Tout l'arrière de la voiture a été arraché, a-t-il décrit. «Quand on a constaté les dégâts, on a vu que c'était sérieux».
Cet accident l'a contraint à s'arrêter durant près de 1h45 au km 186 de la spéciale entre La Paz et Uyuni, courue sur un terrain boueux arrosé par les pluies saisonnières, à plus de 300 km de l'arrivée.
Ses coéquipiers Cyril Despres et David Castera ont rejoint l'ex-motard et son copilote Jean-Paul Cottret des dizaines de minutes plus tard pour leur porter assistance, et les aider à repartir après une longue séance de mécanique improvisée dans l'altiplano bolivien.
La Peugeot 3008 DKR Maxi N.300 a finalement terminé à 1 h 47 min 56 sec du premier.
Le pilote franc-comtois, âgé de 52 ans, se dirigeait tout droit vers son 14e sacre, un record, après une première semaine réussie dans les dunes péruviennes, où d'autres favoris, comme les Français Sébastien Loeb (Peugeot) et Despres, l'Espagnol Nani Roma (Mini) ou le Qatarien Nasser Al-Attiyah (Toyota), ont été piégés.
Inusable Sainz
Il lui faudra désormais courir, avec 1 h 20 min 46 sec de retard (3e du général), derrière Sainz, le nouveau leader, vainqueur samedi pour la deuxième fois de suite.
«Ça s'est gâté pour la victoire», a concédé Peterhansel, visiblement abattu à l'arrivée. Désormais, il faudra «être le plus près possible de Carlos au cas où, car il faut faire gagner Peugeot. Pour moi, c'est un peu cuit, mais Carlos est bien. La pression repose sur un seul homme».
A 55 ans, le «Matador» de Madrid, qui reste sur cinq abandons consécutifs, semblait le plus en retrait de la «Dream Team» de Peugeot. Mais sa régularité, dans une course qui a déjà connu plusieurs rebondissements, et sa pointe de vitesse dans les étapes typées WRC, où il rappelle qu'il a été deux fois champion du monde des rallyes (1990, 1992), font merveille.
«Je suis surpris, c'est sûr, a réagi Sainz. Jusqu'à l'arrivée, il y a encore beaucoup de spéciales, certaines sont très difficiles avec des dunes, du sable... Tout peut arriver encore».
Samedi, il a mis plus de dix minutes aux deux Toyota du Sud-Africain Giniel de Villiers (à 12 min 05 sec) et du Qatarien Nasser Al-Attiyah (à 14 min 19 sec) pour se créer un matelas confortable au général, avec 1 h 11 min 29 sec d'avance sur son dauphin Al-Attiyah.
Mais la route est encore longue jusqu'à Cordoba. C'est aussi ce que doit se dire le pilote moto français Adrien van Beveren (Yamaha). Deuxième du jour derrière l'Espagnol Joan Barreda (Honda), le Nordiste a repris les commandes classement général à l'Argentin Kevin Benavides (Honda).
«C'est toujours un bon feeling d'être en tête du Dakar», a-t-il réagi à l'arrivée à Uyuni, à la moitié de cette étape marathon où sont interdites les équipes d'assistance. Mais le costume de leader n'est pas le plus facile à porter...