Oubliée la polémique sur le report, la morosité en Top 14 et l'hécatombe à l'ouverture : Clermont a brillé lundi soir à Londres pour mettre fin à deux ans d’invincibilité européenne des Saracens (46-14), grâce à six essais dont un triplé d'un Raka survolté.
Battre les double champions d'Europe en titre, invaincus depuis 20 matches dans l'épreuve (depuis la demi-finale 2015 face à... Clermont), chez eux, dans un froid glacial, Clermont était assez fou pour y croire et encore plus pour le faire.
Finalement, les 24 heures supplémentaires passées en Angleterre suite au report du match en raison de la neige auront été joliment mises à profit: un bonus, une revanche sur la finale et une performance référence. Surtout, Les Clermontois prennent la tête du groupe 2 et font un grand pas vers les quarts de finale.
«Gagner chez les double champions d'Europe en titre avec le bonus, évidemment c'est un exploit. Il n'y a pas 500 stratégies contre ces mecs-là. Il faut donner 150% pendant tout le match», a réagi Benjamin Kayser. Le talonneur n'a pas boudé son plaisir, après la finale perdue du printemps et la «colère» née du report : «Honnêtement, on a l'impression qu'on ne nous a pas vraiment respectés dans l'organisation de ce truc. (...) Ils m'ont fait un trou dans le coeur en mai dernier, ça fait du bien de leur faire un peu mal.»
Car même si les «Sarries» vont mal en ce moment, avec cinq défaites domestiques de rang en novembre et une cascade de blessures dont Maro Itoje et Liam Williams, ils n'en restent pas moins une redoutable machine. Mais Clermont, sur la scène européenne, est capable de hausser son niveau, comme il l'avait fait lors des deux premières journées, chez les Ospreys (26-21) puis contre Northampton (24-7).
«Ca restera trois jours inoubliables parce qu'il y a la victoire derrière», a apprécié Franck Azéma. «Il y a des choses imprévues qui créent un groupe, une dynamique, peut-être que cela peut en faire partie. On a passé trois jours les uns sur les autres, et avec derrière quelque chose d'intense, donc c'est plutôt positif.»
Sans ses ouvreurs Lopez, Fernandez et McAlister, tous blessés, Azéma avait choisi de titulariser Toeava en N.10. Le Néo-Zélandais a donné un tour résolument offensif à un Clermont déchainé. Les Auvergnats ont lancé leur match, dans le sillage d'une mêlée ultra dominatrice qui leur a sauvé la mise à plusieurs reprises dans les moments durs. Dès la 14e minute, l'intenable Penaud, titularisé à la dernière minute après le forfait de Lamerat, prenait le trou. Plus loin Fofana manoeuvrait en travers et croisait avec Raka, qui faisait le reste (7-0).
Six essais
Le malin Raka profitait ensuite de la domination pour se faufiler au ras d'un ruck pour le deuxième essai (14-0, 21). Il enfonçait ensuite le clou sur une combinaison en touche superbement exécutée (21-0, 26).
Les champions d'Europe réagissaient en force avec un essai de pénalité sur un maul. Lee écopait au passage d'un carton jaune (29) et à 14 contre 15, les «Jaunards» souffraient. Mais dans le dur, Vahaamina et Yato défendaient à merveille et Clermont atteignait la pause avec une confortable avance (24-7). Et puis Raka pliait le match. Servi dans ses 22 mètres, l'ailier se lançait dans un raid solitaire incroyable pour finir avec une passe après contact pour Van der Merwe pour le bonus (31-7, 47).
Fofana inscrivait un cinquième essai (60), transformé par Parra auteur d'un 100% au pied (7 sur 7). Toeva franchissait ensuite la ligne pour parfaire un score flatteur (78) et un exploit qui restera à confirmer à Marcel-Michelin dimanche lors du match retour. Ce succès «ne nous donne rien si nous ne sommes pas champions d'Europe», a rappelé Morgan Parra. «Cela nous permet de nous dire que nous sommes sur la bonne voie», a prévenu le capitaine. «On s'attend à un très gros match.»