Les «superteams» pullulent cette saison en NBA, et les fans sont légitimement impatients de les voir se disputer le titre suprême. Mais il y a aussi les autres équipes, moins sexy sur le papier, que certains mordus de la balle orange vont suivre avec autant d’avidité.
Personne n’ignore que les Cavaliers et les Warriors restent, jusqu’à preuve du contraire, les deux équipes les mieux placées pour atteindre les NBA Finals pour la quatrième année consécutive. Que le Thunder, suite au recrutement de Paul George et Carmelo Anthony, possède désormais un «Big Three» très alléchant qu’il nous tarde de voir se mesurer aux champions en titre (premier match OKC/Warriors : le 22/11, ndlr). Que les Rockets possèdent ce qui, sur le papier, ressemble à une des meilleures paires d’arrières que la NBA a connue avec l’association de Chris Paul et James Harden. Que les Celtics, où Gordon Hayward et Kyrie Irving sont désormais associés à Al Horford, comptent tout mettre en œuvre pour ruiner la réunion entre LeBron James et Dwyane Wade à Cleveland en les empêchant d’atteindre les finales. Et que les Spurs, emmenés par leur coach génial Gregg Popovich et le flegme de Kahwi Leonard, sont éternels.
Mais pour les hipsters de la NBA, ces duels entre mastodontes peuvent paraître aussi vulgaires qu’une superproduction hollywoodienne programmée en salle en plein cœur de l’été. Du moins le temps de la saison régulière (car en playoffs, il n’y a pas mieux). Bien sûr que tout le monde aime voir Stephen Curry balancer des scuds depuis la moitié de terrain en levant trois doigts avant même que le ballon ne touche la cible. Bien sûr que tout le monde aime voir Russell Westbrook claquer un dunk stratosphérique ponctué d’un cri primal sur la tête de trois joueurs adverses. Bien sûr que tout le monde aime voir son équipe dominer l’opposition à la faveur d’une parfaite synthèse entre l’altruisme et les capacités individuelles de ses membres. Ce sont les plaisirs évidents et faciles de la vie de fans. Les hipsters de la NBA se veulent autrement plus exigeants. Ils vont s’attacher à suivre ces équipes qui, cachées dans le ventre mou de la ligue, sont capables de coups de génie sur le terrain face à n’importe quel opposant. Même si ceux-ci ne représentent parfois que 5 minutes cumulées de temps de jeu sur les 48 que comptent un match. Des équipes avec de jeunes joueurs prometteurs dont le talent brut ne demande qu’à être façonné, mais dont les imperfections participent activement à l’engouement suscité. Ces clubs ne jouent ni pour le titre, ni pour la gloire. Ils en sont encore au stade de chrysalide, et luttent pour leur simple existence. Mais ces équipes possèdent toutes les ingrédients pour, peut-être un jour, atteindre le firmament. Et pour les hipsters, le voyage pour y parvenir se révèle souvent plus intéressant que la destination elle-même.
Los Angeles Lakers
Après un début de saison encourageant l'an dernier, les Lakers s’étaient totalement écroulés pour finir avec un des pires records de la ligue. Un mal pour un bien au final puisque cela leur a permis d’obtenir le deuxième choix lors de la dernière draft avec lequel ils ont sélectionné Lonzo Ball, le très prometteur meneur de l’Université de UCLA. Le jeune homme, qui est déjà au centre de toutes les attentions en raison des élucubrations de son père LaVar Ball, dans les médias américains, a déjà montré de belles choses lors de la Summer League de Las Vegas d’où il est reparti avec le titre de meilleur joueur (MVP). Il y a fait l'étalage de son sens aigu du jeu, de sa vision hors du commun balle en main, et d'un tir à la forme aussi étrange qu’efficace.
Emmenés par leur coach Luke Walton, les Lakers possèdent une équipe débordant de jeunes joueurs talentueux : Brandon Ingram, Julius Randle, Larry Nance Jr ou encore Jordan Clarkson, pour ne citer qu’eux. On y trouve également une poignée de vétérans – Luol Deng, Brook Lopez, Kentavious Caldwell-Pope – pour aider à maintenir l’ordre sur le terrain et dans les vestiaires. Personne ne se fait d’illusion : les Lakers risquent de perdre beaucoup de matches dans une conférence Ouest ultra-compétitive. Mais on ne doute pas une seconde que cette équipe, dont la marge de progression est immense, sera également un délice à suivre jusqu’à la mi-avril.
Philadelphia Sixers
«Trust. The. Process.» A-t-on déjà vu un joueur aussi adulé que Joel Embiid après seulement 31 matches joués en carrière (agrémentés d’une limitation de jeu à 25 minutes/match) ? De mémoire, je ne crois pas. Qu’importe. Cette trentaine de rencontres disputées ont été suffisantes pour donner aux fans l’envie d’en voir plus. Le pivot d’origine camerounaise est un véritable phénomène sur le terrain, et toute la ligue croise les doigts pour que ses pépins physiques cessent d’enrayer une carrière en apparence prometteuse. Si Embiid parvient à laisser derrière lui ses problèmes de santé, les Sixers devraient rapidement s’imposer comme une des attractions de la saison.
.@JoelEmbiid's Top 10 plays from the 2016-2017 season! pic.twitter.com/tYW24a0lJ8
— NBA TV (@NBATV) 12 septembre 2017
Les fans de Philadelphie vont enfin avoir l’opportunité de voir Ben Simmons à l’œuvre après une première année gâchée par une blessure avant même l’entame de la saison. Le joueur a annoncé être en possession de 100% de ses moyens, et est apparu motivé à l’idée de faire la démonstration de son talent. Nous aussi. Il ne faudra pas manquer également les débuts de Markelle Fultz, le premier choix de la dernière draft, au poste de meneur de jeu. Le plus difficile à apprendre en NBA. Le reste de l’effectif recèle de pépites : on trouve le tireur longue distance J.J. Redick, l’intérieur croate au jeu ultra-léché Dario Saric, le Français Timothe Luwawu-Cabarrot, ainsi que l’une des belles surprises de la saison passée, Richaun Holmes, un ailier-fort que personne n’a vu venir et qui a réussi à se faire remarquer avec son jeu surpuissant.
Miami Heat
L’an dernier, de la mi-janvier à la mi-février, le Heat de Miami semblait imbattable. Malgré un effectif constitué de pièces rapportées et de joueurs oubliés, les Floridiens s’étaient embarqués dans une série de 13 victoires consécutives alors qu’ils végétaient dans les bas-fonds du classement de la conférence Est avec 11 victoires pour 30 défaites. Ils finiront par manquer les playoffs in extremis à cause d’un bilan négatif dans leur duel face aux Chicago Bulls au cours de la saison, équipe avec laquelle elle était pourtant à égalité pour la huitième et dernière place qualificative avec un bilan de 41v-41d.
Le Heat, c’était un peu l’équipe ultime des hipsters la saison passée en raison du caractère improbable de cette embellie. Peu de personne aurait pu prédire cette deuxième partie de saison absolument magique. Le point culminant, et qui résume à merveille la situation de l’an dernier, restant ce tir victorieux de Dion Waiters face aux Warriors à domicile devant un public survolté.
DW for the #HEATwin! pic.twitter.com/tJxgwhhsbc
— Miami HEAT (@MiamiHEAT) 24 janvier 2017
Cette année, on attend avec impatience de voir s’ils seront capables de raviver l’étincelle. On a envie de voir Dion Waiters prendre des tirs complètement fous, et les mettre. On a envie de voir Goran Dragic, MVP et champion de l’Eurobasket avec la Slovénie, surfer sur sa performance époustouflante lors de cet Euro et retrouver son niveau de 2013/2014 d'avec les Suns. On a envie de voir Hassan Whiteside punir d’un contre violent les joueurs qui osent le défier au cercle. Et on a envie de voir James Johnson continuer d’écraser des dunks ultra-puissants sur la tête de ses adversaires. Franchement, le Heat de Miami vaut le coup d’œil.
Denver Nuggets
Les Nuggets de Denver se situent à la frontière de la «hype» cette saison. L’an dernier, Nikola Jokic, grand pivot aux mains de velours capable de mener une contre-attaque du haut de ses 2,10 mètres, s’est révélé aux yeux du grand public en les obligeant à regarder dans sa direction tant ses performances étaient époustouflantes. Son duo avec Gary Harris est une poésie offensive susceptibles de provoquer des spasmes de jouissance aux non-initiés. Non mais matez moi un peu ça et dîtes moi que vous ne ressentez rien :
Si cela vous laisse froid, intéressez-vous à un autre sport. Le fait est que, pendant l’intersaison, Denver a réussi à faire venir Paul Millsap, excellent joueur en provenance des Hawks qui sait défendre, attaquer et passer. Il est le parfait complément de Nikola Jokic. Et devrait se fondre à merveille, tel un fromage savoyard dans une fondue, dans l’effectif des Nuggets. Oui, cette équipe est peut-être assez bonne pour atteindre les playoffs malgré le niveau ridiculement élevé de la conférence Ouest. Les joueurs de Denver parviendront-ils à réaliser cet objectif en dépit des multiples obstacles qui vont s’élever devant eux ? Le parcours de cette équipe promet d’être fascinant.
Minnesota Timberwolves
Depuis plusieurs saisons maintenant, les Timberwolves sont une des équipes préférées des hipsters de la NBA. Et cette année, ils vont peut-être enfin concrétiser les attentes déraisonnables qui pesaient sur leurs épaules ces deux dernières saisons. Le recrutement de Jimmy Butler à l’intersaison, ainsi que les venues de Taj Gibson et Jeff Teague, ont propulsé l’équipe dans une autre sphère et il est possible, que la saison prochaine, ils ne figurent plus dans ce classement. La raison ? Ils auront, peut-être, réussi à faire leur entrée parmi l’élite, et donc ne seront plus sélectionnables en tant que franchise préférée des hipsters de la NBA.
Leur participation aux playoffs sera une chose attendue, et non plus incertaine. Leurs performances seront régulières, et non plus aléatoires. D’ici là, Minnesota aura fort à faire pour réussir à atteindre son objectif de participer à des playoffs où ils n’ont plus mis les pieds depuis 2004. Là aussi, les voir batailler toute l’année pour y parvenir devrait être absolument délicieux.
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